Les oubliées de la science

Si citer plusieurs noms d’hommes scientifiques est facile, citer ceux de femmes est plus complexe. Peinée par cette invisibilisation systématique, l’autrice et comédienne Anaïs Cintas a décidé de faire un spectacle sur ce que l’on appelle « l’effet Matilda ».

Charlotte Cresson

Le7.info

Cécilia Payne, Rosalind Franklin, Marthe Gautier… Ces noms ne vous disent probablement rien, pourtant ces femmes ont largement contribué à faire avancer la science. Comme beaucoup d’autres, elles sont victimes de ce que l’on appelle « l’effet Matilda ». « C’est le déni ou la minimisation récurrente et systémique de la contribution des femmes scientifiques à la recherche », explique Anaïs Cintas, autrice et comédienne de la bien-nommée pièce… Matilda. Ce phénomène d’invisibilisation des femmes doit son nom à la militante des droits américaine Matilda Joslyn Gage. « C’est l’une des premières féministes à avoir noté cette différence de considération à la fin du XIXe siècle. » Dans le domaine de l’astronomie, les victimes sont nombreuses. « On peut citer Annie Jump Cannon, à l’origine du système de recensement des étoiles encore utilisé aujourd’hui mais publié sous le nom de Henry Draper. Il y a également Cécilia Payne, dont les travaux ont révolutionné l’astronomie en mettant en évidence le fait que l’atmosphère des étoiles est composée majoritairement d’hydrogène. Mais c’est finalement le scientifique Henry Russel (encore un Henry) qui finit par s’approprier son travail… après l’avoir dénigré », déplore Anaïs Cintas. La liste des femmes victimes de « l’effet Matilda » est longue, mais comment ne pas parler de la Britannique Margaret Burbidge ? « Cette histoire est presque drôle. L’observatoire californien dans lequel elle travaillait à la fin des années 1940 était réservé aux hommes. Cette société très puritaine avait en effet peur d’éventuels rapprochements entre les hommes et les femmes. Margaret s’est donc fait passer pour l’assistante de son mari puisque ces hommes capables de construire les plus gros observatoires du monde étaient visiblement incapables de bâtir une cloison », ironise l’autrice. 


Rendre justice 
aux femmes

Aujourd’hui, de nombreuses féministes souhaitent mettre en lumière ces oubliées de la science. Passionnée d’astronomie sur le tard, Anaïs Cintas n’a découvert le très méconnu 
« effet Matilda » que récemment. « Je l’ai évoqué rapidement dans mon premier spectacle « Des étoiles dans le pudding ». Le passage a beaucoup marqué les spectateurs, alors j’ai décidé d’y consacrer une pièce. » Dans Matilda, Anaïs et la Compagnie Les Montures du temps amènent le spectateur à la rencontre de quinze femmes astronomes, de l’Antiquité à nos jours. Une sensibilisation nécessaire appuyée par l’expertise de l’astrophysicienne lyonnaise Isabelle Vauglin. 


Matilda, spectacle de la Cie Les Montures du temps, co-produit par le Lieu Multiple. Le 21 juin à 18h30. Tous publics. Gratuit. Réservation et renseignements sur emf.fr.

 

Poésie et numérique

Allier poésie, musique, vidéo et installation numérique, c’est ce que propose la Compagnie Petite Nature lors d’un spectacle un peu particulier. Pour sa sortie de résidence, la création 12 poèmes numériques relate une année entière à travers douze performances musicales et animées. Incluse dans ce spectacle immersif, la quarantaine de spectateurs est entourée d’installations composée d’accessoires de vidéoprojection et d’une vingtaine d’enceintes diffusant une musique conçue pour être spatialisée. Sur le plateau, « trois interprètes, deux musiciens et un artiste numérique donnent vie à douze univers basés sur ces textes poétiques ». Lesquels ont été réalisés dans le cadre d’ateliers d’écriture de haïkus (courts poèmes japonais) organisés par les artistes de la compagnie. Équipés d’une tablette, les participants étaient invités à transformer leur poème en micro-spectacle numérique grâce à une application. L’objectif de ce spectacle est d’explorer 
« les rapports entre la sensibilité d’une poésie du quotidien et la technicité des outils numériques sans hiérarchie ni jugement ». 


12 poèmes numériques, vendredi de 18h30 à 20h. Tous publics. Gratuit. Réservation et renseignements sur emf.fr.

DR Sandrine Sester

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