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Elisabeth Morin-Chartier et Bernadette Vergnaud iront voter dimanche à l’occasion des élections européennes. Mais les deux anciennes eurodéputées de la Vienne portent un regard sombre sur le peu d’engouement des Français et la montée des extrêmes dans les sondages.
Ce lundi matin, Elisabeth Morin-Chartier a démarré sa semaine par une intervention dans une école primaire parisienne. « Et vous savez quoi, c’est difficile de parler d’Europe à des CP ! », plaisante-t-elle. Dimanche, l’ancienne députée européenne (2007-2019) sera dans « au moins deux bureaux de vote de Poitiers »... et craint déjà le pire en termes de participation. Un paradoxe alors qu’il y a eu « une vraie prise de conscience, sous l’effet de la crise sanitaire, de la crise énergétique et de la guerre en Ukraine, que l’Europe est indispensable et doit toujours être en évolution ».
A l’autre bout du fil, depuis l’Andalousie, Elisabeth Vergnaud partage la même vision que sa collègue de droite au Parlement européen. Elles se retrouvent sur un grand nombre de sujets, à commencer par celui de la montée en puissance de l’extrême droite dans les intentions de vote. « Je me rassure en me disant que ces députés qui iront au Parlement, s’ils continuent à être aussi peu présents et à ne pas travailler, ne seront pas une force de blocage », relativise l’ex-eurodéputée socialiste (2004-2014). Dix ans déjà qu’elle a quitté son poste, mais « les gens continuent à me parler d’Europe quand je fais mes courses ».
« Si j’étais à l’Assemblée nationale aujourd’hui... »
Hélas, les listes nationales -et non plus par circonscriptions régionales- ont éloigné l’UE des territoires et donc accentué le désintérêt pour le scrutin européen. Ce manque d’incarnation tout comme l’eurobashing permanent, en particulier sur l’agriculture, ne contribuent pas à enthousiasmer les foules. Pour autant, « l’Europe est partout dans la vie des gens », dixit Elisabeth Morin-Chartier. Sous la forme de financements massifs dans l’agriculture, l’industrie, le sport, la culture... Mais pas que ! « Sa » directive sur le travail détaché, adoptée en 2018, a ainsi permis d’égaliser le niveau de revenus du fameux plombier polonais dépêché en France ou en Allemagne. Bernadette Vergnaud a, elle, « bataillé pendant des mois » avant de faire émerger la carte professionnelle permettant d’harmoniser les diplômes et formations dans les 27 pays de l’UE. D’où l’arrivée des dentistes roumains... Elle a aussi contribué à mettre en place le 112, numéro unique d’urgence. « A 27, on est obligé de travailler dans le consensus. Cela demande une ouverture d’esprit, des connaissances et beaucoup d’humilité. Si j’étais à l’Assemblée nationale aujourd’hui, je serais malheureuse... », tance Bernadette Vergnaud.
En un seul tour
Avec cinq et dix ans de recul, les deux ex-élues qui « s’apprécient » invitent leurs concitoyens à changer de point de vue sur les institutions de l’UE, saluant au passage les intuitions de Jean Monnet et Robert Schuman. « Qui sait aujourd’hui qu’on ne peut pas dissoudre le Parlement européen ? », interroge Elisabeth Morin-Chartier. Et Bernadette Vergnaud de convoquer une autre figure de l’Europe, Jacques Delors, et son « triptyque » fondateur : « La compétition qui stimule, la coopération qui renforce, la solidarité qui unit ». La France enverra dimanche 81 députés à Bruxelles sur les 720 du Parlement. Le scrutin se déroule en un seul tour. Les bureaux de vote seront ouverts entre 8h et 18h.
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jeudi 21 novembre