Le nombre d’espaces de coworking a explosé après la crise Covid. Associatifs ou privés, en milieu rural ou urbain, thématisés ou non, il en existe de toutes sortes, avec toutefois une tendance générale : moins d’espaces partagés, plus de bureaux privatifs.
Encore peu usité il y a quelques années, le terme de coworking – le co-travail en version française- est désormais passé dans le langage courant. Et pour cause ! A ce jour, la France compterait plus de
3 500 espaces du genre. La crise Covid n’y est pas étrangère. Elle a suscité l’essor du télétravail, et par extension celui d’autres formes d’organisations professionnelles.
Le mot coworking recouvre toutefois une réalité plurielle, selon le type de structure, sa vocation, son implantation en milieu urbain ou rural, mais aussi les attentes évolutives des coworkers. « Nous enregistrons une grosse demande pour des bureaux fermés », constate Emilie Guilbert, facilitatrice à Cobalt. La tendance est générale. « L’open space est moins apprécié car tout se fait par téléphone ou en visio. »
Dans le tiers-lieu du centre-ville de Poitiers, estampillé numérique, la programmation (conférences, afterworks, etc.) reste axée numérique, les coworkers pas nécessairement. « Aujourd’hui, nous avons des professionnels indépendants, dirigeants de PME, créateurs de structures naissantes… » Des salariés aussi, comme Benoît Lochin, responsable contrats pour HubSpot, « en remote depuis 2017 ». « Je travaille à la maison mais j’essaie de venir à Cobalt tous les jeudis, je discute à l’accueil, je prends un café... » François Bouron, lui, se surprend même à parler de « [ses] collègues de Cobalt ». Le directeur de projets chez Smag (logiciels agricoles) a fait du tiers-lieu son espace de vie professionnelle, qu’il rejoint tous les matins à vélo. « Je pense qu’il est important de distinguer domicile et lieu de travail. Ici chacun gère sa journée à son rythme mais il y a plein de moments d’échanges, des métiers différents. »
Réseautage
Les profils sont tout aussi variés à Regus. Ouvert sur la Technopole du Futuroscope depuis plus d’un an, le centre porté par la multinationale IWG affiche un taux d’occupation de 50% avec « tous les types de profils, des entreprises locales, des personnes qui démarrent une activité, de grands groupes…, précise le gérant Jérôme Lacroix. L’idée est de ne plus perdre de temps à aller travailler, ce qui correspond au modèle de « ville du quart d’heure », mais aussi de créer du réseau et de travailler l’image de l’entreprise, sa crédibilité auprès de clients ou de futurs collaborateurs. »
Grands ou petits, les espaces de coworking sont indéniablement des lieux de réseautage. « Notre cible est le B to B », confirme Elodie Poivert, secrétaire de l’association L’Ouvre-Boîtes, à Couhé. Mais en milieu rural ils constituent aussi des oasis de connexion Internet. La pluralité des profils n’en est que plus grande. « La majorité des coworkers sont des salariés locaux dont les entreprises sont éloignées, mais on accueille aussi des personnes qui viennent de s’installer dans la région, d’autres venues visiter des proches en maison de retraite, des vacanciers qui sont heureux de trouver un cadre propice au travail pendant que le reste de la famille s’amuse… », note Mila Weissweiler, de L’Elan, à Montmorillon. « Et puis il y a l’intérêt des langues, complète Vanessa Knivett, autre co-fondatrice du lieu. Actuellement, on y parle français, anglais et allemand. »