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Dans la Vienne, les Etablissements de services et d’aide par le travail (Esat) sont devenus des entreprises de sous-traitance à part entière, dont certains salariés intègrent ensuite d’autres structures en « milieu ordinaire ». Il reste cependant des marges de manœuvre.
Une blanchisserie, un atelier de conditionnement, un autre d’électromécanique industrielle, une menuiserie, un service espaces verts... Depuis ses locaux de la rue Denis-Papin, à Châtellerault, l’Esat René-Jaud regorge de savoir-faire indéniables. L’établissement de l’APAJH Vienne emploie sur ce seul site 120 salariés. « 60% d’hommes et 40% de femmes », précise Véronique Hallier, directrice des Esat(*). Mi-mars, à l’initiative du député Nicolas Turquois, l’association a ouvert ses portes à 45 chefs d’entreprise du Châtelleraudais (7 000 salariés), dont de gros donneurs d’ordre tels qu’Aigle, Arco, Safran, Emil Frey... Car si certains groupes travaillent déjà avec l’Esat voisin -Safran pour du conditionnement, la Macc pour le montage de brouettes...-, beaucoup n’imaginaient pas l’ampleur des prestations qu’offre l’établissement.
« Fermés à aucun marché »
A chaque activité, son ou sa chef d’atelier pour accompagner les travailleurs en situation de handicap et vérifier la conformité des produits livrés aux clients. Certaines tâches nécessitent en effet de la précision, comme ces soudures à l’étain ou l’assemblage de rallonges. « Tous les ateliers mettent en place un contrôle qualité à chaque étape », ajoute Valérie Hallier. Au sein de la blanchisserie, les 27 agents gèrent l’équivalent de 5 tonnes de linge par semaine en provenance d’Ehpad, de Maisons d’accueil spécialisées... Pas question d’égarer les chaussettes des résidents dans la « bataille » ! Là aussi, tout est vérifié grâce à un système de QR code.
L’Esat René-Jaud n’exclut pas d’élargir sa palette de métiers à l’avenir. « Nous ne sommes fermés à aucun marché », précise la directrice des Esat de l’APAJH, qui se réjouit aussi de pouvoir « placer » des salariés en milieu ordinaire, en particulier chez Hutchinson et Intech Medical. « Depuis un an, trois personnes font du contrôle qualité chez nous, elles sont très appréciées », assure Olivier Domise, responsable RH de cette entreprise spécialisée dans la fabrication d’implants médicaux et de matériel chirurgical.
Bien mais peut mieux faire
Reste qu’une hirondelle ne fait pas le printemps et que 9,2% des demandeurs d’emploi sont en situation de handicap, « un chiffre supérieur à la moyenne régionale », commente Agnès Mottet. La directrice de la Direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités de la Vienne appelle à « lever les stéréotypes et s’adapter aux personnes pour leur permettre d’avoir une fluidité de parcours ». « En France, on travaille un peu sur des dispositifs, des cases. Il faut que tout le monde ouvre ses portes. L’obligation des 6% de personnes handicapées dans les entreprises (de plus de 20 salariés, ndlr) est atteignable de différentes manières : embaucher ou maintenir en emploi des salariés qui auraient une reconnaissance de handicap pendant qu’ils sont dans l’entreprise et travailler à un aménagement du poste, passer une convention avec une entreprise adaptée, sous-traiter... » Rappelons que l’obligation d’emploi atteint seulement 3,5% en France. Bref, le chemin vers l’inclusion est encore long.
(*)L’autre Esat de l’APAJH 86 se situe à Vivonne. Les deux réalisent un chiffre d’affaires annuel d’environ 3M€.
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