Hier
Présenté en avant-première fin août, le dernier long-métrage d’Albert Dupontel fait sa sortie nationale ce mercredi. Second Tour porte la marque du réalisateur-comédien, à la fois grave et facétieux.
Il s’amuse, Albert Dupontel. Comme à son habitude, il s’approprie les codes pour mieux les tordre, avec toujours cette délicatesse décalée, cet humour étonné, cette humanité émouvante qui ont fait le succès de ses précédents opus. Indéniablement, Second Tour porte sa marque, celle d’un réalisateur-acteur à l’imagination débordante et à la conscience politique -au sens noble du terme- à fleur de caméra.
Dans ce nouveau long-métrage, il incarne Pierre-Henry Mercier, un candidat à l’élection présidentielle au regard fixe et froid, calculateur. Mais que calcule-t-il ? C’est précisément ce que Mlle Pove et son caméraman et acolyte Gus, un temps relégués au service foot pour cause d’indiscipline journalistique, se mettent en tête de découvrir. Entre ingénuité et malice, le duo Cécile de France-Nicolas Marié, acteur fidèle de la filmographie dupontelesque, fonctionne à merveille et nous embarque dans les coulisses de la grande cacophonie médiatico-politique d’une élection présidentielle.
L’air de rien, Albert Dupontel se permet tout, il écorne le monde politique, ceux des médias, du foot, de la chasse… Mais il dénonce sans hargne, en enveloppant la trivialité du monde dans une bulle de fausse naïveté dont il a le secret. Pas un détail du décor, pas une lumière qui ne soit laissée au hasard et partout des références, au cinéma, à la littérature… Il convoque Euripide, Sénèque, Corneille, Mozart ou Cioran comme on énumérerait les noms de pâtisseries ou de Pokémon. Sans prétention. Il emprunte à l’enfance ses charades, le pierre-feuille-ciseaux… Il multiplie les astuces, dans la mise en scène comme dans les dialogues. Il joue et la caméra danse, virevolte, prend le spectateur par la main. Pour peu qu’il se prête au jeu, le réalisateur-comédien lui fait croire à l’improbable, il lui fait même l’espérer. Derrière un titre de film ordinaire et anodin, Dupontel fait du Dupontel.
Comédie dramatique d’Albert Dupontel avec lui-même, Cécile de France, Nicolas Marié (1h35).
Crédit : Jérôme Prébois.
Il a dit…
Albert Dupontel, réalisateur et acteur
Sur le thème« Je suis un mauvais citoyen, je n’ai jamais voté, moi ! Je ne me retrouve pas dans la façon dont les politiques font de la politique. Un réalisateur comme Ken Loach veut provoquer l’indignation chez les spectateurs. Personnellement je pense que l’indignation est déjà là, je cherche à vous en distraire. Je suis comme vous, dans le désarroi. Ne vous méprenez pas, chercher à vous distraire est le summum de mon ambition. L’idée de Second Tour est née d’un discours de Robert Kennedy qui, en avril 68, se trouvait dans un ghetto black d’Indianapolis. il a dû annoncer la mort de Martin Luther King et il a trouvé les mots. Il a dit : on a tué votre frère mais on a aussi tué le mien. Dans Adieu les cons je voulais montrer la société consumériste, anxiogène… J’exorcise dans le cinéma des angoisses d’un monde qui est en train de fondre. Mes films sont des commentaires. Mais parallèlement je crois beaucoup au genre humain, je crois qu’il y aura une solution. Je suis un mélancolique optimiste, je n’ai pas de cynisme. »
Sur le cinéma« Le cinéma est une façon de s’exprimer. Toutes les étapes de la vie, je les ai découvertes au cinéma. Pour faire un film, je prends des notes pendant plusieurs mois. C’est un processus lent qui ne s’arrête pas à l’écriture. Autant je m’amuse beaucoup avec les lumières et la caméra, autant l’écriture, c’est très dur. Et parfois les images montées disent autre chose que ce qu’on avait en tête au départ. L’écriture de ce fim m’a pris trois ans-trois ans et demi, le tournage deux mois et le montage entre six et sept mois. Et encore, il y a des choses que j’ai changées pendant l’été. Je reviens tous les trois ans, vous ne pouvez pas dire que je vous saoule ! » (sourire)
SolidaritéLors de sa tournée de promotion, Albert Dupontel a profité de son passage fin août au Loft de Châtellerault et au CGR Buxerolles pour inviter au don en faveur de l’association Accès-cité.
À lire aussi ...
Hier
Patricia Thoré, l'amie des bêtes
Patricia Thoré « de la Maraf ». 67 ans. Originaire de Rochefort, arrivée dans la Vienne en 1998. Ancienne militaire de carrière aujourd’hui responsable de la Maison d’accueil et de retraite des animaux de la ferme, à Salle-en-Toulon. Amie des bêtes et femme de conviction.