mardi 24 décembre
Le climat scolaire ne désigne pas toujours l’ambiance entre élèves et/ou enseignants. Dans des écoles ou collèges souvent vieillissants, la question du réchauffement climatique s’invite avec fracas.
Mathilde(*) enseigne dans une petite école de l’agglomération châtelleraudaise. Elle a repris le chemin de sa classe le 22 août, avec un paramètre inattendu à gérer : la chaleur. « Il faisait 32°C, alors que les volets ont été fermés tout l’été. Heureusement qu’il n’y avait pas d’élèves, ç’aurait été insupportable ! » Des écoles construites dans les années 70 et très mal isolées, la Vienne en compte des dizaines. A Bonneuil-Matours, Civray, Châtellerault, Naintré ou encore Lussac-les-Châteaux, les subventions de l’Etat accordées dans le cadre du Fonds vert permettent ou vont permettre de faire baisser le mercure. Et ailleurs ? L’Institut national de recherche et de sécurité estime qu’au-delà de 30°C pour une activité sédentaire, la chaleur peut constituer un risque.
Ce chiffre, Frank Fauquembergue l’a forcément en tête. Le directeur de l’Education et des Bâtiments au Département a dû faire face au printemps à une grogne des enseignants et élèves du collège Joséphine-Baker de Vouneuil-sous-Biard, précisément au sujet de la chaleur. Un comble pour un établissement ouvert au printemps 2022 ! « Nous avions une série de dysfonctionnements liés au « free cooling », le système de rafraîchissement nocturne. Mais tout est désormais rentré dans l’ordre », rassure l’ancien proviseur. Qui reconnaît toutefois qu’il faut changer de paradigme eu égard au réchauffement climatique. « La RT 2020 a été axée sur l’isolation des bâtiments pour diminuer le besoin en calories. Mais des boîtes étanches doivent aussi évacuer les calorises l’été... » Et comporter nécessairement moins d’espaces vitrés.
L’option de la classe dehors
Passe encore pour les bâtiments neufs, dont le collège de Mirebeau qui promet d’être un modèle du genre avec des murs en béton de chanvre dotés d’une grosse inertie et respirants, mais la tâche semble plus compliquée sur des établissements anciens. L’isolation par l’extérieur couplée à un système de ventilation double flux semble être la bonne solution, mais elle n’est pas duplicable partout. A Dangé-Saint-Romain, le collège a vu sa facture énergétique diminuer de 30% et son confort thermique rehaussé. Reste aussi à « changer les habitudes d’usage », par exemple ne plus ouvrir systématiquement les fenêtres en journée, au moment où il fait le plus chaud. Mais Frank Fauquembergue reconnaît que « le changement climatique va plus vite que notre capacité financière à intervenir partout ».
A Poitiers, on mise sur trois actions complémentaires : la végétalisation des cours d’école -la maternelle Jacques-Brel est exemplaire-, des travaux d’isolation thermique et, à court terme, la mise à disposition de ventilateurs, vaporisateurs d’eau... « La Ville met du temps et de l’argent sur le sujet, insiste Hélène Paumier, adjointe à l’Education et aux Ecoles publiques. A l’école de la Porte de Paris, on a par exemple ajouté à la réfection de la toiture un changement des menuiseries et l’isolation du sol pour avoir un confort thermique été comme hiver. » Il est aussi question de végétaliser les bâtiments, et de classe dehors bien sûr ! « C’est une option et c’est assez complémentaire », veut croire l’élue. Deux députées, Graziella Melchior (Renaissance) et Francesca Pasquini (Nupes), sont chargées de rédiger un rapport sur cet épineux problème des classes surchauffées.
(*)Prénom d’emprunt.
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