La réhabilitation du quartier de la gare passera notamment par une stratégie immobilière bien inspirée. L’objectif ? Redorer l’image du secteur et attirer de nouvelles populations.
Imaginez partir de la Porte de Paris à Poitiers en petites foulées et longer la Boivre sous les arbres jusqu’au parc de la Cassette… Dissimulée depuis de nombreuses années, la petite rivière s’apprête à bénéficier d’un processus de « renaturation »
inédit. Ajoutez à cela une voirie intégralement revue selon les standards de la mobilité douce et vous obtenez de quoi changer radicalement l’allure du quartier de la gare. Difficile de connaître le calendrier exact, mais le mouvement est lancé (Le 7 n°588). Grand Poitiers a d’ores et déjà présenté le
« plan-guide » de ses intentions pour « transformer et revitaliser le quartier, de manière à en faire un lieu de vie totalement intégré au centre-ville ». Les grands enjeux du programme évoquent une « cohabitation des usages » alliant bureaux, commerces et logements. « A 1h15 de Paris et de Bordeaux par le train, cette zone a de sérieux atouts pour attirer de nouvelles entreprises, et même des grands groupes qui ont besoin d’espace, souligne Emmanuel Ferru, co-dirigeant de l’agence immobilière Arthur-Loyd à Poitiers. Or, pour trouver des collaborateurs, il faut des commerces, des restos, une salle de sport à proximité. Ils veulent avoir tous les services d’une grande agglomération et un logement à un tarif qui leur permette d’être propriétaire, contrairement aux grandes métropoles. »
Garder des prix accessibles
Pour réussir à redorer l’image de ce quartier, Grand Poitiers va devoir élaborer une stratégie immobilière aux petits oignons. Il n’y a qu’à remonter le boulevard du Grand-Cerf pour comprendre que de nombreux propriétaires n’ont pas effectué à temps les investissements nécessaires en termes de rénovation. Le quartier s’est paupérisé au fil des années. Face à cela, un vaste programme de construction est envisagé afin d’« apporter l’offre de logements neufs qui fait défaut dans le centre, précise le plan-guide. Leur absence empêche d’attirer suffisamment de familles. Le centre n’offre des opportunités de logements que dans la réhabilitation de l’ancien, où dominent des formats de petits logements. » Alexandre Massias est convaincu du bien-fondé de la démarche lancée par la collectivité. Ce promoteur immobilier (groupe Pulsar) connaît bien ce quartier pour y avoir grandi. Il estime que « le projet tient compte des attentes des clients et cible les bons profils ». La mixité sociale passera par la transformation urbaine. Il cite l’exemple du quartier Darwin à Bordeaux, aménagé autour d’une ancienne caserne oubliée pendant quinze ans, et devenu un endroit à la mode. « Les gens y travaillent, y consomment dans des enseignes glamours et, bientôt, ils y habiteront. » Tout l’enjeu sera de « construire en proportion intelligente pour garder des prix accessibles ». Le défi est lancé.