A mi-chemin entre le vélo de route et le VTT, le gravel compte de plus en plus d’adeptes, avides de passer de la ville à la campagne avec un même bonheur. La 3e édition de la Gravienne, du 2 au 4 juin, affiche complet depuis plusieurs semaines.
En apparence, il ressemble à un vélo de route classique. La géométrie du cadre et le poste de pilotage sont (presque) identiques. Mais à y regarder de plus près, quelques différences sautent aux yeux, à commencer par la taille et la nature des pneus, plus larges et moins lisses. D’où sa « proximité » avec le VTT. Importée des Etats-Unis, la pratique du gravel se répand comme une traînée de poudre en France(*). Les plus grandes enseignes peinent parfois à satisfaire la demande et les courses se multiplient. Parmi les plus connues, citons la French Divide, la Sea to Peak et la Gravienne, dont la 3e édition se déroule du
2 au 4 juin « On a été parmi les premiers à se lancer, reconnaît Luce Thibault. La vice-présidente de l’association ABC Vélo Evénement est à la fois la gérante du salon de thé Sweet Time et Compagnie, et une pratiquante assidue.
« Ce que j’aime dans le gravel, c’est sa polyvalence. Il est léger, on peut avancer sur la route et, juste après, s’engager dans des petits chemins. »
Plaisir et code
de la route
De fait, on voit beaucoup de gravel dans les rues de Poitiers. « Tout le monde disait que c'était une mode qui allait passer, mais pas du tout !, commente Loïs Rousse, gérant du magasin Giant de Poitiers. Nous n’avons plus rien en stock alors que les ventes de VTT musculaires ont diminué depuis deux ans. » Lui-même s’alignera sur la Gravienne. Arnachée de quelques sacoches, la monture va jusqu’à jouer les baroudeuses en Nouvelle-Aquitaine, et même bien au-delà !
Les adeptes se connaissent et s’échangent des bons plans. Dans la Vienne, ils auront l’occasion de discuter le temps d’un bivouac sur le petit parcours, à cheval sur les 3 et
4 juin. La Fid’Garce et ses 286km ont trouvé preneur en moins de... 20 minutes. Il a fallu seulement « quelques jours »
dixit Franck Kherherve, président d’ABC Vélo événement, pour recruter les
99 adeptes de la Kek’tu bouines ?
(486km), appelés à partir dès le 2 juin.
Et même si « on regarde un peu le chrono » selon Luce Thibault, et que les premiers Mondiaux de la discipline ont eu lieu à l’automne (cf. encadré), le gravel véhicule une image de liberté et de proximité avec la nature. Dans cette logique, les organisateurs de la Gravienne ont concocté deux parcours composés à 80% de chemins -115 communes traversées de Saint-Benoît à Poitiers-, sans classement à la fin, mais avec des ravitaillements à base de produits locaux. « Et l’événement se veut zéro déchet », insiste Luce. Les organisateurs ont fixé deux conditions aux concurrents : prendre du plaisir et respecter le code de la route. Un minimum de règles pour un maximum de plaisir. Le gravel, nouvel eldorado du vélo ? On n’est pas loin de le penser.
(*)Le gravel reste un marché de niche avec 53 000 unités vendues en 2022 dans l’Hexagone, selon le consortium Union Sport & Cycle. Les vélos à assistance électriques et de ville (cargo...) ont progressé.
DR Benjamin Guimond