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Le menu de Sébastien Boireau
Chef du restaurant gastronomique Papilles, à Poitiers, Sébastien Boireau vous propose un repas de fête réussi pour tous les porte-monnaie.
Votre entreprise, Eolise, vient de déposer un recours auprès du Conseil d’Etat pour « inaction en faveur des énergies renouvelables ». Pourquoi ?
« Depuis vingt ans, la France rate tous ses objectifs en termes de développement des énergies renouvelables sur son territoire. Les énergies renouvelables ne représentent que 19,1% de sa consommation finale brute d’énergie, alors que l’objectif était de 23% à fin 2022. Comme on a la prétention de croire que l’on connaît bien le sujet, on a voulu filer un coup de main au gouvernement en lui proposant dix actions concrètes pour favoriser le développement de l’éolien terrestre. D’autant que ces mesures nécessitent seulement des décrets d’application pour être mises en place. Sans réponse au bout de deux mois, on a compris un refus tacite. Ce qui est une déception pour la filière, pas seulement pour Eolise et nos intérêts. On a donc déposé ce recours contre l’Etat, sur un modèle similaire au recours de Grande-Synthe(*). »
Quelles sont
vos propositions ?
« Simplifier les procédures, mettre davantage de moyens humains dans l’instruction des projets éoliens… Depuis vingt ans, les dossiers sont toujours plus longs et plus complexes à monter, on rencontre des freins à toutes les échelles. En Nouvelle-Aquitaine, l’instruction est de 33 mois, un record mondial ! Dans les autres pays, il faut deux à trois fois moins de temps pour monter un projet. Or on nous parle d’urgence climatique. Le Giec le dit dans son dernier rapport : les énergies renouvelables sont la priorité n°1, le plus gros potentiel pour lutter contre le réchauffement climatique. Et en France, on est encore en train de tergiverser. »
Une loi relative à l’accélération des énergies renouvelables vient d’être adoptée…
« Dans les faits, elle ajoute encore de la complexité. Il faut avoir une cohérence et arrêter de changer la réglementation tous les ans, voire plusieurs fois dans l’année, alors même que les dossiers s’étirent déjà sur plusieurs années ! C’est une sinécure, on est obligé de devenir des spécialistes de la réglementation. Nous demander toujours plus peut être perçu comme une manière de nous empêcher. On perd en crédibilité à cause de projets à trop long terme. En sept ans d’existence, Eolise n’a pas un seul projet en exploitation. Et pourtant, on travaille. »
Rencontrez-vous encore des freins au développement de l’éolien dans la Vienne ?
« Les Français ont bien compris la nécessité de produire autrement. Il y a un large consensus autour de l’éolien, même s’il engendre encore des débats, des désaccords. On essaye de faire de la pédagogie, mais on a une frange extrême, minoritaire, qui fait énormément de bruit. Si bien qu’on n’a pas pu tenir certaines réunions publiques. C’est un débat de société mais aussi un débat technique. On essaye de proposer autre chose, comme l’auto-consommation collective électrique qui permet la production d’une électricité locale à tarif avantageux, jusqu’à moins 25% sur la facture annuelle. C’est un sujet qui est écouté par Grand Châtellerault. Mais dans le contexte actuel, on espérait l’être encore davantage. »
(*)La commune et plusieurs associations ont demandé au Conseil d’Etat d’annuler le refus du gouvernement de prendre des mesures supplémentaires pour atteindre l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 40% d’ici à 2030.
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