Ecolience, l’alternative agroalimentaire

Originaire de Reims, un couple d’entrepreneurs a tout quitté pour racheter une ferme de 260ha à Genouillé et créer une unité de fabrication de produits bio vendus en circuit-court. Ce nouveau modèle économique de la fourche à la fourchette a vocation à être dupliqué.

Romain Mudrak

Le7.info

Le bâtiment de 3 600m2 posé au milieu des champs ne passe pas inaperçu à Genouillé. Lancé en juin 2021, le projet Ecolience est en train de révolutionner l’écosystème agricole du Sud-Vienne. Frédéric Grünblatt et Marlène Castan, couple à la ville, « entrepreneurs dans l’âme », ont imaginé un concept innovant alliant bio et circuit-court. Originaires de Reims, ils ont revendu leur première affaire -le grossiste bio Vitafrais, 72M€ de chiffre d’affaires- pour acheter une ferme et se lancer dans la transformation de leurs propres cultures. « Ecolience est née d’une volonté d’agir face à l’urgence climatique, aux pesticides, aux enjeux de souveraineté alimentaire et pour réduire les distances entre le champs et l’assiette », argue le fils d’agriculteur au double cursus agricole et commercial.

Sur 260ha de terres fertiles, Frédéric et Marlène ont mis en place une rotation de vingt-deux cultures différentes toute l’année. Une façon de lisser le travail et d’éviter les maladies. 220 chèvres poitevines et des poules de Maran livrent lait et œufs. Graines et céréales sont conditionnées telles quelles, après un passage par une impressionnante chaîne de triage et de décorticage. Ces matières premières sont aussi vendues sous forme d’huiles, de farines et de semoules variées. Ou transformées une seconde fois en pain, pâtes, bières, biscuits, pizzas, galettes de sarrasin et autres plats traiteurs chauds et froids. Toutes les opérations sont réalisées au même endroit. Un moyen de réduire les émissions de CO2.

Produits estampillés Sans détours

« On est parti des statistiques de vente des magasins bio pour déterminer la taille des ateliers et des machines, alors que traditionnellement les agriculteurs produisent et poussent ensuite pour trouver preneur », poursuit l’ancien grossiste. Comme les besoins sont là, une quinzaine d’exploitants voisins, séduits par le projet et les prix proposés, approvisionnent également les unités. « C’est un vrai projet de territoire. » A plus d’un titre. Ecolience a déjà créé 20 emplois localement (ferme et ateliers) avec un objectif de 75 salariés à horizon 2028. « On était dépité de voir nos campagnes se vider, c’est pourquoi on a voulu ramener de l’activité économique. »


Les deux associés ont investi 14M€ dans l’opération, avec le soutien des banques et des pouvoirs publics. La guerre en Ukraine, le retard de livraison des machines et la grippe aviaire n’ont pas facilité la réalisation de leur projet. Mais depuis quelques jours, les produits de la marque Sans détours sont désormais distribués dans les supermarchés du Sud-Vienne et les magasins bio de Poitiers, comme le Marché de Léopold, Chez les fermiers…


 

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