Face au manque d’eau, la peur du vide

Très attendue par tous les usagers de l’eau, l’étude Hydrologie milieux, usages, climat (HMUC) conclut à une baisse des prélèvements d’eau estivaux de 73% sur le bassin du Clain. Les conséquences socio-économiques sur le monde agricole pourraient être lourdes.

Arnault Varanne

Le7.info

20M€ de pertes économiques, 450 emplois menacés et des exploitations fragilisées. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. A l’horizon 2027, le paysage agricole de la Vienne pourrait être très différent de celui d’aujourd’hui. Le préfet et ses services ont dévoilé la semaine dernière les résultats d’une enquête socio-économique réalisée par la Direction départementale des territoires, à partir des premiers éléments connus de la très attendue étude HMUC, Hydrologie, milieux, usages, climat. Une sorte d’état des lieux de la ressource future sur le bassin du Clain(*). Les volumes prélevables pour l’irrigation agricole devront ainsi diminuer de... 73% l’été (de 15,5 millions aujourd’hui à 4,2 millions de m3 par an), de 4% en début d’automne et légèrement augmenter au printemps (+0,3%).

« Nous avons retiré les volumes moyens dédiés à l’eau potable et à l’industrie entre 2000 et 2018 et regardé ce qu’il restait pour l’agriculture, décrypte Christophe Leyssenne, directeur-adjoint de la DDT, même si ce ne sera pas le scénario retenu car les usages seront réinterrogés. » Les sous-bassins de la Pallu et de l’Auxance ou encore de la Boivre apparaissent parmi les plus touchés. Sur la Pallu, les volumes disponibles seraient divisés par dix, alors que 5 500 hectares (32% de la surface) sont irrigués pour des « cultures dérogatoires à forte valeur ajoutée ». Des éleveurs, maraîchers et arboriculteurs pourraient être très impactés. Au total, la perte irait jusqu’à 50% de la production de maïs grain et 20% de celle du tournesol.

« Tout le monde 
a besoin d’eau »

Le risque est de voir « une spécialisation accrue du territoire en grandes cultures avec moins de prairies et des exploitations plus grandes pour assurer la rentabilité économique ». 
L’Etat pointe aussi « l’arrêt de l’élevage pour les exploitations contraintes en ressources fourragères », « la fin de productions à forte valeur ajoutée et de proximité dépendantes d’un accès à l’eau en période d’étiage » et « une impossibilité d’accompagner les projets agricoles en diversification, facteur d’accélération des circuits courts et de proximité »
 comme autant de menaces. 
« Il y a aussi des enjeux de souveraineté alimentaire », ajoute Eric Sigalas, directeur de la DDT de la Vienne. Et de citer l’usine de semences Cérience de Cissé (170 salariés).

« Il faut sortir de l’image d’Epinal du bon maraîcher bio contre le méchant producteur de maïs. Tout le monde a besoin d’eau », estime le préfet Jean-Marie Girier pour qui les solutions de stockage sont plus que jamais nécessaires. Sur les trente réserves prévues dans le protocole du bassin du Clain, entre une et quatre devraient toutefois être sacrifiées sur l’autel de l’étude HMUC. Rappelons qu’une nouvelle mobilisation « contre les méga-bassines » est prévue le 25 mars dans les Deux-Sèvres, à Sainte-Soline et/ou Mauzé-sur-le-Mignon.

(*)A l’initiative de la Commission locale de l’eau (CLE), un organisme qui réunit tous les usagers de l’eau et présidé par le conseiller départemental François Bock. L’étude HMUC sera ratifiée le 29 mars. A signaler que l’Etablissement public territorial de bassin (EPTB) a refusé de réaliser une enquête d’impact.

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