Dans l’impasse, les enquêteurs du NCIES ont décidé de fouiller dans le passé du président de l’université.
L’objectif ? Enumérer ses ennemis potentiels afin de découvrir l’auteur de son assassinat mis en scène dans la cathédrale de Poitiers, le lundi 1er mars dernier. Sophie Orange, experte au département de sociologie du NCIES, est chargée de ce dépouillement. Et elle évoque d’emblée une piste intéressante : « Issu d’un milieu modeste, le président aurait appliqué durant toute sa vie un ethos ascétique l’amenant à économiser chaque sou. L’observation attentive de son domicile laisse ainsi apparaître un cadre de vie austère, où le choix de chaque meuble est prescrit par la nécessité plutôt que par le confort. A l’université, les compte-rendus de conseil d’administration révèlent le même rapport à l’argent. »
A l’étude de la répartition des budgets de ces dix dernières années, il semble qu’une discipline a particulièrement fait les frais de cette politique : la…, celle-là même vers laquelle s’était orientée son frère aîné, « le préféré de la famille », selon l’experte. Conséquence, après l’élection du président, plus aucune subvention n’a été attribuée à cette matière. Toute demande de création ou de redéploiement de postes d’enseignant-chercheur a été balayée d’un revers de la main.
Voilà le mobile du crime. Les enquêteurs en sont convaincus. Un doctorant, qui prétendait à un poste, aurait subi une décision arbitraire du président et aurait choisi de se venger de la pire des façons. Or, le témoignage de la secrétaire de la victime, recueilli il y a quelques jours, rapporte justement un accrochage entre lui et un certain Frédéric, étudiant en… Ce même individu était connu pour faire quelques extras au bar du lac de Saint-Cyr, où le président avait ses habitudes. Frédéric a été placé en garde à vue, comme le prévoit l’article 63 du Code de procédure pénale.
Sophie Orange est doctorante en sociologie au sein du Gresco (http://gresco.labo.univ-poitiers.fr)