mardi 24 décembre
Le gadolinium est très utile pour révéler les pathologies à l’IRM. Mais ce métal rare est aussi polluant et coûteux à extraire. Depuis la mi-octobre, la partie non injectée du produit est collectée au CHU afin d’être revalorisée pour l’industrie.
Partout dans le monde, le gadolinium a révolutionné l’imagerie par résonance magnétique (IRM) il y a une quinzaine d’années. A partir de ce métal issu des terres rares chinoises, la chimie humaine a élaboré une solution liquide aux nombreuses vertus. Injecté un peu avant l’examen, ce produit permet de mieux visualiser le système vasculaire, les tissus, les organes et de révéler par contraste des pathologies comme des tumeurs ou des inflammations. Son efficacité est telle qu’il est utilisé dans 50 à 80% des cas. Inoculé à faible dose, ce liquide transparent est inoffensif pour l’homme. En revanche, pour la nature…
Des chercheurs de l’université de Brest l’ont détecté dans les coquilles Saint-Jacques de la rade. Comment est-il arrivé là ? En fait, après l’examen, les patients l’éliminent rapidement de leur corps par les urines, mais les stations d’épuration ne le filtrent pas. Résultat, le gadolinium se retrouve dans les rivières, puis dans l’océan. C’est pour cette raison que ces mêmes chercheurs(*) ont lancé en 2021 un programme de recyclage baptisé Megadore (Medical gadolinium recycling), auquel le CHU de Poitiers s’est associé moins d’un an plus tard.
Stop au gaspillage
Depuis quelques semaines, les manipulateurs en électroradiologie médicale qui interviennent sur les six IRM en fonctionnement à Poitiers et Châtellerault collectent les « fonds de flacon ». Autrement dit les quelques millilitres non utilisés à chaque examen et qui étaient jusque-là jetés. « Les dosages sont différents selon le poids du patient, mais le conditionnement du produit, lui, est fixe à 5, 10, 15 ou 20ml, précise le Dr Victor Dumas, radiologue. En moyenne, environ 15% du produit n’est pas injecté. Vu le nombre d’examens que nous réalisons chaque jour, les quantités récupérées sont très importantes. » Près de trois litres déjà ! « Il s’agit simplement de verser le résidu de seringue dans un bidon adapté, on ne perd pas de temps », souligne Angèle Vratny, l’une des « manip radio » à la manœuvre, ravie de participer à cette initiative et de former les jeunes recrues.
Impossible de réutiliser le gadolinium dans un protocole médical, c’est interdit ! Le liquide récolté est envoyé vers le site rochelais de l’entreprise Solvay qui le retraite en une solution à visée industrielle. Pour le moment, il n’existe pas d’alternative « verte » à ce métal rare qui pose deux autres problèmes : des conditions d’extraction polluantes et une dépendance extrême à la Chine. Cette démarche constitue une première étape, en attendant de trouver une solution pour capter également le gadolinium présent dans les urines.
(*)Le Pr Douraied Ben Salem, neuroradiologue au CHU de Brest ainsi que les Pr Jean-Alix Barrat et Raphael Tripier, chimistes à l’université de Bretagne occidentale.
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