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Le nombre de redressements et de liquidations judiciaires grimpe nettement depuis janvier dans la Vienne, sans pour autant atteindre le niveau d’avant-Covid. Mais avec la hausse du prix des énergies, certaines TPE ne passeront pas l’hiver.
Huit liquidations ont été prononcées le 13 septembre par le tribunal de commerce de Poitiers, onze autres entreprises ont connu le même sort entre le 27 septembre et le 12 octobre. Sans oublier les six placements en redressement judiciaire sur la même période. Sont concernés des boulangeries, bars, restaurants, plusieurs petites boîtes du bâtiment, et même une poissonnerie alors qu’il n’en reste pas beaucoup… En France, 38 000 entreprises ont mis la clé sous la porte en 2022, selon un rapport du cabinet Altarès dévoilé la semaine dernière. Depuis le début de l’année, le nombre d’ouvertures de procédures collectives a grimpé de 90% dans la Vienne par rapport à 2021. Toutefois, Claude Vallat, président du tribunal de commerce de Poitiers, nuance la portée de ce chiffre : « Nous avons enregistré 130 ouvertures de procédures à fin septembre, nous en aurons certainement 180 d’ici la fin de l’année. Il y en avait 240 en 2019. Nous revenons progressivement à un niveau normal, d’ailleurs moins vite que dans d’autres départements. Ce n’est pas un effondrement. »
En 2020, et même encore l’année dernière, les aides accordées par l’Etat face au Covid (chômage partiel, exonérations fiscales…) ont servi de matelas aux entreprises privées de chiffre d’affaires (Le 7 n°507). Aujourd’hui, le début de la campagne de remboursement des prêts garantis par l’Etat (PGE) met en difficulté certaines sociétés à la trésorerie fragile. Autre explication, des habitudes de consommation ont changé après la crise sanitaire. Le télétravail fragilise des restaurants et autres snacks qui misaient sur les menus express du midi pour payer les charges fixes. Sans oublier l’inflation à tout-va qui incite les Français à réduire la voilure.
Soutien psychologique
Dans beaucoup de secteurs, la hausse des matières premières devient très compliquée à répercuter sur les clients, à commencer par le bâtiment. Et apparaît déjà à l’horizon l’incapacité des entreprises à absorber l’augmentation des coûts de l’énergie. « On peut se dire que la situation est ponctuelle mais elle va générer de l’incertitude, reprend Claude Vallat. Le tribunal de commerce tiendra compte du contexte, nous sommes là pour aider les dirigeants à trouver des solutions, pas pour les sanctionner. » Le risque de défaillance est élevé. Et l’angoisse des chefs d’entreprise perceptible, notamment à travers l’activité de l’Apesa86, association dont le but est de leur apporter un soutien psychologique. « Le nombre de contacts a augmenté ces derniers mois, nous sommes dans un état de vigilance quotidienne », confirme sa présidente Martine Jammet. Quarante-six dirigeants, hommes et femmes, ont été orientés vers des psychologues professionnels depuis 2020. Certains sont venus d’eux-mêmes, d’autres par l’intermédiaire de « sentinelles » (mandataires judiciaires, experts-comptables…). « Ils appréhendent les difficultés financières, la honte de l’échec, et si ça s’accompagne de problèmes de couple ou de santé, c’est encore plus dur. » Pour continuer à les aider, l’Apesa86 cherche des fonds.
Contact Apesa86 : 06 08 48 06 71.
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