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Le menu de Sébastien Boireau
Chef du restaurant gastronomique Papilles, à Poitiers, Sébastien Boireau vous propose un repas de fête réussi pour tous les porte-monnaie.
Il y a un mois, Christopher a vendu sa moto, une 50cc Derby, pour s’acheter une trottinette électrique « plus économique ». Il emprunte tous les jours la RD910 entre Poitiers et Chasseneuil, où il travaille dans la restauration. « Mais j’ai gardé mon blouson, mon casque et mes gants ! », tient-il à préciser. Le jeune homme a conscience du danger qui le guette, même en serrant au maximum à droite sur la chaussée. « Ce serait bien d’avoir davantage de pistes cyclables », avance-t-il. Faute d’espaces réservés, les usagers du plateau comme des boulevards urbains sont forcés de cohabiter... et force est de constater que les « trott’ » se démultiplient sur le pavé poitevin. Selon la Fédération française des professionnels de la micro-mobilité (FP2M), les chiffres de vente ont grimpé à 908 000 unités en 2021 contre 640 000 en 2020.
« On observe aujourd’hui un changement net des motivations des utilisateurs qui sont de plus en plus nombreux à avoir recours à la trottinette électrique pour des déplacements domicile-travail réguliers ou quotidiens. C’est moins cher qu’un vélo électrique et pratique à emporter dans une voiture ou un train », explique Grégoire Henin, vice-président de la FP2M. Jean-Baptiste Laye acquiesce. L’ancien agent immobilier a ouvert son atelier de réparation -OGC Trotte Shop- en haut de la Grand’Rue, à Poitiers. Depuis juin, sa boutique ne désemplit pas. « Il m’est arrivé de vendre jusqu’à trois trottinettes par jour alors que je tablais sur trois par mois dans mon business plan », reconnaît le dirigeant. Même (sur)activité côté réparation. Il est le premier à proposer ce genre de services dans la Vienne. « Certains de mes clients allaient jusqu’à Tours, Angers ou Paris pour faire changer un pneu ! »
Si le marché est florissant, avec des engins de plus en plus sophistiqués et autonomes, jusqu’à 150km, la réglementation semble encore « légère ». La preuve, plusieurs accidents mortels ont émaillé l’été à Lille, Rueil-Malmaison, Chaville, en Gironde, à Nice, Lyon... Et on ne parle pas ici des collisions avec des piétons ou des chutes aux conséquences moins graves. Dans la Vienne, 16 accidents ont été recensés depuis le 1er janvier contre 10 sur l’ensemble de 2021.
De fait, beaucoup d’usagers ne portent ni casque (il est seulement conseillé) ni gilet réfléchissant et fréquentent des axes non autorisés, comme les trottoirs par exemple. Le décret n° 2019-1082 du 23 octobre 2019 stipule que les engins de déplacement personnel ont « obligation de circuler sur les pistes et bandes cyclables lorsqu’il y en a, à défaut, sur les routes dont la vitesse maximale autorisée est inférieure ou égale à
50km/h. » Au-delà, la vitesse maximale est fixée à 25km/h, mais beaucoup débrident leur deux-roues, qui doit aussi être assuré. La préfecture de la Vienne reconnaît que la réglementation est encore
« trop méconnue » et assure que « des actions de communication sont planifiées ». Un groupe de sénateurs veut carrément rendre obligatoire l’immatriculation de ces véhicules terrestres à moteur. « J’ai l’impression que la trottinette va être la bête noire des prochaines années, regrette Jean-Baptiste Laye. S’il y avait davantage d’aménagements, ce serait un bon début... » De son côté, Grégoire Henin préconise de de rehausser l’âge de 12 à 14 ans. « Pour le reste, la trottinette n’est pas plus dangereuse qu’un vélo élecrique. »
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