Le grand soir d'Au Fil du Son

Enfin débarrassé des contraintes Covid, le festival de musiques civraisien entend retrouver ses standards d’affluence. Notamment ce jeudi, où le rappeur Orelsan est très attendu. Hervé Bernardeau, coprésident de l’association organisatrice, fait le point sur cette nouvelle édition.

Hervé, est-ce enfin le retour d’un festival « normal » ?
« Globalement, oui. On n’a plus les contraintes de test PCR ou de pass vaccinal à l’accueil, comme l’été dernier, on retrouve nos jauges classiques… Pour autant, de nouvelles contraintes s’imposent en matière de sécurité, pour prévenir des agressions à la piqûre, sexistes et sexuelles. »

Le phénomène de ces agressions a effectivement touché plusieurs événements festifs, en France, depuis le début de l’été. Comment les éviter ?
« Cette année, nous avons une équipe de six bénévoles, bien identifiable, qui va tourner sur tout le site pour promouvoir l’application mobile Safer(*). Si quelqu’un est victime ou témoin d’une violence, il le signale sur cette appli, qui permet de géolocaliser temporairement la personne agressée sur le festival. Les bénévoles -qui ont été formés à ce dispositif- vont alors à sa rencontre puis, à un second niveau de vigilance, la sécurité peut se déplacer. On a déjà fait pas mal de publicité sur nos réseaux sociaux autour de Safer. Il y a besoin de rassurer. On n’a pas LA solution, mais plein de bonnes petites solutions qui s’additionnent. Les agents de sécurité sont aussi de plus en plus vigilants sur ces questions. »

Les gros festivals de musiques actuelles ont battu des records d’affluence depuis le début de la saison. De quoi inviter à l’optimisme ?
« On ne sait pas trop sur quel pied danser, en réalité. Certains ont effectivement très bien marché, mais d’autres ont eu une faible fréquentation… Et les habitudes des gens ont changé, les réservations ne s’accélèrent plus qu’à l’approche des dates. Aujourd’hui, je ne peux pas vraiment faire de prévisions fiables. "L’effet Orelsan" devrait nous permettre de nous approcher des 11 000 ou 12 000 spectateurs -notre jauge maximum- le jeudi, on sera peut-être davantage autour des 8 000 les autres soirs. »

Sur chacune de vos quatre soirées, on note une tête d’affiche rap. Un genre incontournable en festival désormais ?
« C’est aujourd’hui un passage obligé, c’est vrai. Et en même temps, cela a du sens. Pour avoir vu le concert de Rilès, c’est un vrai show qui vaut le détour. Quant à Orelsan et Vald, on ne les présente plus… On suit la mouvance, mais ça n’a jamais été notre ambition de tout miser sur un genre en particulier. On va un peu partout, pour que tout le monde s’y retrouve. C’est pourquoi on reçoit aussi Cali, Louis Bertignac, Skip The Use, ou encore Vitalic qui vient avec un gros set… J’ai aussi envie de citer Rodrigo y Gabriela, un groupe que j’adore, qui change de ce qu’on a l’habitude de voir en festival. »

Vous avez lancé un festival Hors-Série au printemps, au parc des expositions de Poitiers. Est-il appelé à revenir en 2023 ?
« On l’espère, on fera d'abord le bilan à la fin de l’année. On a eu une belle affluence le samedi soir, mais ça avait été un peu plus compliqué la veille… C’est toujours difficile de lancer un nouvel événement, de le faire connaître, d’autant que le premier Hors-Série avait été annulé en raison du Covid. Sur place, il a aussi fallu s’approprier le parc des expositions en termes scéniques… Pour autant, on a vécu de bons moments et tout le monde était ravi de danser sur du Billx, notamment. Il faut laisser à ce festival le temps de se développer. Cette première édition nous a confortés dans l’idée qu’il y avait de la place pour ce type d’événement à Poitiers. »

Programmation et réservations sur lachmiseverte.com.

(*) Selon une enquête menée en 2018 par l’association Consentis, qui milite pour une culture du consentement sexuel dans les festivals et boîtes de nuit, 50% des femmes ont déjà été victimes de violences sexuelles ou se sont senties en insécurité dans un lieu festif.

 

DR - Archives