Reconnu Musée de France alors que ses collections n’étaient pas visibles, le Musée d’art et d’histoire de Montmorillon a connu une vie mouvementée, faite de fermetures et d’ouvertures. La dernière date de 2018.
Le Musée d’art et d’histoire de Montmorillon (Mahm) accueille jusqu’au 3 septembre l’exposition temporaire Transfiguration de Boul, Jean-Louis Bouloux de son état civil. Le Buxerollois, Montmorillonnais d’origine, a accroché ses toiles au premier étage de la médiathèque Prosper-Mérimée. Elles y côtoient les œuvres d’autres artistes régionaux qui ont traversé le temps malgré l’histoire tourmentée d’un musée trop discret.
Ouvert depuis 2018, le Mahm se dérobe aux regards derrière la vaste reproduction d’un document juridique représentant la ville au XIIe siècle. Le choix a été fait d’y fondre l’actuelle porte d’entrée dans l’attente d’un agrandissement du lieu. Le projet est en suspens. Réduit à une salle, tributaire des horaires d’ouverture de la médiathèque, le musée montmorillonnais n’en est pas à sa première infortune. Ses collections n’ont eu de cesse de passer de l’ombre à la lumière depuis sa création en 1936, puis son inauguration en 1937. Raoul Carré et quelques notables éclairés en avaient évoqué le projet dès les années 1920. Il aura fallu la mort du peintre montmorillonnais, et le legs de ses collections à la Ville pour qu’un musée voie enfin le jour. « Au début, on l’a installé dans trois salles, au premier étage de la mairie, explique l’actuel responsable des lieux, Vincent Billaudeau. La concierge l’ouvrait et le fermait à la demande. Son premier conservateur, Pierre Guéraud, avait été archiviste au Louvre. A son décès en 1948, plus personne ne s’en est occupé et il a fermé en 1951. »
58 000 pièces
Oublié au premier étage de la mairie, le musée prend la poussière pendant dix ans. La découverte du site archéologique de La Piscine par Pierre Marcel et la création de la Société archéologique et historique du Montmorillonnais le tirent finalement de sa léthargie. « En 1971, le maire Jean-Marie Bouloux souhaite que les collections soient exposées dans la tour et la grange aux dimes de la Maison-Dieu. » Enfin une adresse pérenne, croit-on.
Le destin, une fois encore, se montre capricieux. « Lorsque la gardienne est partie en retraite, dans les années 1990, le musée a de nouveau fermé ses portes, raconte Vincent Billaudeau. Tout a été laissé sur place. » Ironie du sort, la loi de 2003 lui reconnaît l’appellation Musée de France. La Drac s’enquiert alors de cet espace invisible et dépêche un premier attaché de conservation pour dresser l’inventaire des collections et leur offrir un conditionnement digne, à l’abri de l’humidité et de la chaleur… dans un sous-sol du bâtiment administratif de l’ancienne usine Ranger.
A partir de 2014, Vincent Billaudeau prend le relais pour préparer l’ouverture d’un
« nouveau » musée. Le réveil est progressif, grâce à quelques expositions ponctuelles à la salle des Grandmontains ou à la chapelle Saint-Laurent. Les réserves sont riches pourtant. « Lors du dernier récolement, nous avons dénombré plus de 58 000 pièces. » Des peintures, de Raoul Carré et de Jehan Berjonneau notamment, des objets issus de fouilles archéologiques, des coiffes traditionnelles, des lithographies... A l’avenir, Vincent Billaudeau entend « développer le département sculpture autour des bustes de Raoul Mortier et d’Aimé Octobre, et la partie photographie ».
Musée d’art et d’histoire de Montmorillon, à la médiathèque. Visites guidées à 10h (2€/personne, réservation au 05 49 91 13 99), gratuites le mercredi. Instagram
« Musée Montmorillon ».