Aujourd'hui
Elevée entre Poitiers et les Etats-Unis, Anna Majidson commence à se faire un nom sur la scène pop francophone. En début d’année est sorti La Rivière, son deuxième EP dans lequel elle explore une neo soul suave et entêtante. Découverte.
A l’autre bout du fil, quelques anglicismes viennent trahir ici et là la double culture d’Anna Majidson. Elevée entre Poitiers, où elle est née, et les Etats-Unis, le pays d’origine de son père, la jeune femme a longtemps chanté en anglais, sa « langue naturelle ». D’abord pour le duo Haute qui l’a révélée (à noter une première partie d’Angèle, à l’Olympia), ou encore des collaborations avec Macy Gray, Fakear ou les Châtelleraudais de Blow. Mais c’est dans la langue de Molière qu’elle souhaite désormais tracer sa voie, à l’image de La Rivière, son deuxième EP solo sorti en février dernier. A la fois un choix pragmatique et un « challenge » pour Anna.
« Je voulais construire ma vie en France et, dans cette logique, je voulais faire un pas vers ce potentiel public, explique celle qui a grandi aux sons de Brassens, Gainsbourg, Trenet ou encore Salvador. Il y a aussi des subtilités dans la langue, un héritage culturel très profond, qui m’ont poussée à entrer dans l’arène. » Mais ses racines américaines restent palpables dans les sonorités de ce nouveau disque, proches du R’n’B. « Mon ambition était de mélanger la culture du texte à la française à la culture américaine du groove, avec beaucoup d’harmonies et des lignes de basse qui te font bouger la tête. »
« La musique est notre langage »
Les textes, qu’Anna Majdison dit écrire « comme des poèmes », laissent transparaître une pop introspective, intimiste. A l’image du single Natasha, point de départ de ce projet solo, qui parle du lien rompu entre deux cousines auparavant proches. « Ecrire vient toujours de mon vécu, c’est comme un journal intime. Je ne peux le concevoir autrement. » Qu’importe la langue chantée, la musique a toujours été le principal langage d’Anna, qui a grandi dans une famille de musiciens jazz. Son père était le chanteur-leader du groupe niortais John Doe. « Avec mes parents et mon petit frère, on se retrouve une fois par an pour répéter une semaine et faire un concert. La musique est notre langage commun, notre manière à nous de communiquer. » L’an dernier, ils se sont donné rendez-vous à… Montamisé. Dans le Poitou, « mes parents ont encore beaucoup de leurs potes », sourit Anna.
A 28 ans, c’est à son tour d’être bien entourée. Sur La Rivière, elle a été épaulée par Lewis OfMan, Sacha Rudy ou encore Blasé, son ex-moitié de Haute, à la production. « Ce qui me fait kiffer, c’est tout le processus de création. Et c’est tellement plus agréable de partager. » C’est ainsi qu’elle a signé un single sur la première mixtape du collectif rap-R’n’B Walk in Paris, qui sortira le 17 juin. Anna aura aussi quelques dates cet été, notamment aux Francos de Montréal et à Rock en Seine. La suite ? L’artiste aujourd’hui installée à Paris y songe déjà, avec au moins un nouvel EP avant l’album. « J’ai hâte de partager ce sur quoi je travaille en fait. Mais j’ai surtout envie de bien le faire. » Wait and see.
DR - Céline BischoffÀ lire aussi ...