Avec l’ensemble de musique baroque Les Ambassadeurs ~ La Grande Ecurie, le chef d’orchestre et flûtiste Alexis Kossenko met en lumière les instruments anciens. A écouter le 12 mars à Poitiers.
Vous êtes à la fois flûtiste et chef d’orchestre, notamment au sein de l’ensemble des Ambassadeurs. Comment avez-vous réussi ce mariage ?
« J’ai commencé la musique très jeune, avant 4 ans. J’étais fasciné par les concerts auxquels m’emmenaient mes parents et j’ai souhaité devenir chef d’orchestre. On m’a expliqué qu’il fallait d’abord commencer par un instrument. J’ai donc fait de la flûte dès 5 ans et je suis très vite devenu passionné. Il y a un peu plus de vingt ans, je suis allé jouer comme soliste dans un orchestre baroque, on m’a alors sollicité pour être chef d’orchestre et j’ai bougé mes bras de manière instinctive. Etre chef d’orchestre, c’est transformer le son en geste. Je veux extrapoler cela à l’extrême pour faire passer le message et inspirer les musiciens. »
Les Ambassadeurs, que vous avez créé en 2011, et La Grande Ecurie, fondée par feu Jean-Claude Malgoire en 1966, tracent désormais leur avenir en commun. Ils jouent la musique baroque avec des instruments anciens. Quelle est leur spécificité ?
« J’ai très tôt été séduit par les sonorités des instruments dans les ensembles Renaissance, baroques... J’ai commencé par m’intéresser à la forme ancienne de la flûte traversière. Les instruments anciens semblent parfois, en apparence, plus rudimentaires que leur contrepartie moderne mais c’est pour eux que les compositeurs ont écrit, on est donc plus proche de leur message. Et puis ce sont des instruments qui parlent plus qu’ils ne chantent. Ils ont un vrai potentiel de déclamation et d’éloquence. »
Quel lien existe-t-il entre Poitiers et les Ambassadeurs ?
« Les Ambassadeurs ont un peu de leur âme à Poitiers. La ville est en quelque sorte notre laboratoire, dans la mesure où nous avons souvent créé des programmes ici avant de les emmener en tournée. Nous y avons déjà fait une quinzaine de concerts. Je suis content d’y revenir, avec un programme particulièrement palpitant. »
Quel sera-t-il ?
« Les Ambassadeurs n’est pas un orchestre permanent, ce qui lui confère une certaine fraîcheur. Nous serons vingt-sept musiciens à Poitiers, une configuration inhabituellement riche pour un programme de musique baroque, avec notamment le violoniste soliste Stefano Rossi. Quant au programme, il tourne autour du répertoire de ce qu’on considérait comme le meilleur orchestre d’Europe au XVIIIe siècle : celui de Dresde. Vous entendrez des concertos virtuoses et éclatants de Vivaldi, de Fasch, de Telemann, de Heinichen, et du génie tchèque Zelenka. »
Pensez-vous qu’il soit nécessaire, pour la rendre accessible, de moderniser la musique baroque ?
« Je ne me soucie pas d’actualiser l’interprétation, simplement de jouer pour que la musique aille droit au cœur et parle à tout le monde. On joue cette musique car elle parle toujours, elle n’est pas poussiéreuse et n’a donc pas besoin d’une résurrection artificielle. L’important est de la jouer avec une grande éloquence et de raconter une histoire. Elle ne s’adresse pas à des connaisseurs mais à un public avec les oreilles et le cœur grand ouverts. Ce n’est pas une musique élitiste, ou sinon qu’elle le soit pour tout le monde ! »
Concert Le Baroque flamboyant, par Les Ambassadeurs - La Grande Ecurie, le 12 mars, à 20h, en l’église Saint-Jean de Montierneuf, à Poitiers. Tarifs :
20€, réduit 10€, gratuit -10 ans.