La colocation 
séduit de plus en plus

Un nouveau modèle de colocation tend à se faire une place dans le cœur des seniors. La crise des Ehpad accélère son développement. Une façon de rester à domicile le plus longtemps possible.

Romain Mudrak

Le7.info

Dans le quartier des Trois-Cités, à Poitiers, l’ancien Bar aux oiseaux situé rue Jean-de-la-Fontaine est devenu une colocation pour seniors très originale. Un frère et une sœur ainsi que son conjoint ont créé une société civile immobilière, racheté les lieux et une maison attenante, puis ils ont tout cassé à l’intérieur pour concevoir quatre studios autonomes et un grand espace commun. On y trouve un coin salon et salle à manger, ainsi qu’une cuisine et une buanderie. « Nous avons d’abord réalisé ce projet pour notre mère, qui était veuve et isolée, explique Jean-Michel Gautier. Ensuite, nous avons cherché trois autres colocataires. Ça n’a pas été facile, on sent bien que ce modèle n’est pas encore connu en France. »

Lyliane Gautier, 83 ans, la maman, revit depuis qu’elle a emménagé ici il y a près de deux ans. « J’ai du mal à marcher. Dans mon grand appartement, il fallait que je fasse des allers-retours. Là, j’ai tout à portée de main et je peux aller chercher le pain à la boulangerie juste en face. » Surtout, elle n’est plus seule. Actuellement, il n’y a qu’une autre colocataire. Ensemble, elles prennent le café, regardent leurs émissions préférées à la télévision dans la salle commune, font des puzzles… Elles s’attribuent également des tâches quotidiennes comme l’ouverture des volets. 
« Aucun service ni personnel n’est inclus dans le loyer (entre 400 et 550€ selon la surface, ndlr), précise le fils qui travaille dans le bâtiment. Mais on essaie de faire en sorte que l’infirmière, le kiné, le personnel de ménage soient les mêmes pour tous les colocataires. »

Structures 
à taille humaine

Et si ce modèle venait à se multiplier ? Pas si simple ! Ce concept méconnu a encore du mal à séduire. A Châtellerault, La Ferrandise a été contraint de fermer ses portes faute de résidents. Cet hôtel particulier modifié proposait trois chambres et un espace commun. Simon Ferrand devait assurer le gîte et le couvert (repas, ménage, courses…). En vain. Toutefois, une chose est sûre, pris dans la tempête, les Etablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) doivent repenser leur mode de fonctionnement. Le Pr Roger Gil, directeur de l’Espace de réflexion éthique de Nouvelle-Aquitaine, milite pour la création de « petites structures à taille humaine » (lire page 8). Dans cette veine, deux autres projets sont portés dans la Vienne par la société Age & Vie, l’un à Naintré et l’autre à Availles-en-Châtellerault. Quatre maisons de 400m2 seront aménagées pour accueillir chacune huit colocataires, voire davantage s’il y a des couples. Six auxiliaires de vie les aideront dans leurs gestes quotidiens, dont deux habiteront sur place. Le prix ? Autour de 1 600€ par mois, aides déduites. La première devrait ouvrir ses portes en octobre.

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