Une nouvelle série arrive cette saison dans nos colonnes. Séverine Hay est médiatrice professionnelle et judiciaire.
Elle a prévu pour la Saint-Valentin de lui offrir un cours d’œnologie collectif. Oui, mais… Malgré son intérêt pour le vin, en lisant le carton d’invitation présenté sans un mot, il ne manifeste pas d’enthousiasme. L’idée d’apprendre avec des inconnus… Lui a prévu de lui faire une belle déclaration d’amour pour ce 14 février. Il a bien réfléchi aux mots, retracé des évènements marquants de leur relation dans sa déclaration, cherché de jolies rimes. Oui, mais… Elle est plus sensible à l’adage : « Seuls les actes comptent, les mots ne servent à rien. » Alors ils se remercient réciproquement avec courtoisie, esquissent un léger sourire, trouvent l’attention de l’autre charmante, mais restent perplexes. « Un cours sans ami avec qui pouvoir parler facilement, ça ne m’attire pas. » « Des mots d’amour, c’est beau, mais sans suite concrète, quel dommage ! »
L’un a besoin de vibrations à ses oreilles. Sans parole prononcée, les actes ont moins d’effets ou ne le rassurent pas assez. L’autre est plus réceptive aux démonstrations qu’aux mots qui sont à ses yeux accessoires, sauf ceux qui raisonnent en elle comme accusatoires… Dans ces situations, mes interventions de médiateure professionnelle consistent à éclairer les illusions intellectuelles, les croyances, les convictions ou les certitudes ayant occasionné des maladresses, pourtant empreintes de bonnes intentions.
La maxime « Ne dis pas ou ne fais pas à autrui ce que tu n’aimerais pas que l’on te dise ou te fasse » a ses limites. Ce que nous accueillons comme désagréable n’est pas accueilli systématiquement ainsi par l’autre. Croire, être convaincu ou certain de savoir ce qui est bon ou attendu par l’autre sans le vérifier clairement auprès de lui peut finir par devenir potentiellement conflictuel. Comment éviter cela ? En ayant l’envie de faire et/ou dire ce que l’autre aime vraiment. D’abord en prenant soin de vérifier auprès de lui/elle les formes et contenus de ce qu’il/elle apprécierait. Puis en s’interrogeant sur la sincérité de notre propre envie à le réaliser ainsi, car toute relation de qualité se vit en l’absence de contrainte mal accueillie… de part et d’autre.