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Alimentation, textile, cosmétique, bien-être… Depuis un an, une véritable filière du chanvre apparaît en Nouvelle-Aquitaine. Dans le domaine de la construction, ce matériau biosourcé et local constitue un très bon isolant.
Graine, tige, feuilles et fleurs… Tout est bon dans le chanvre ! Ses applications sont nombreuses, notamment dans le bâtiment. « La laine de chanvre peut être disposée en vrac dans les combles de la maison et les chènevottes entrent dans la constitution du béton de chanvre avec la chaux », précise Stéphanie Sauvée, consultante indépendante spécialisée dans la valorisation des nouveaux matériaux. Sous l’impulsion de la Région, elle est missionnée depuis un an pour développer une véritable filière du chanvre en Nouvelle-Aquitaine allant du producteur au consommateur. « Dans le domaine de la construction, nous voulons que les agriculteurs gardent la main sur la transformation, poursuit l’experte. Ils doivent donc investir dans une machine de défibrage et de tri pour séparer la laine des chènevottes. »
Un an après sa création, l’association habilement intitulée « Chanvre Nouvelle-Aquitaine » regroupe déjà 75 membres (exploitants agricoles, artisans, collectivités, maîtres d’ouvrage…). Et plusieurs autres toqueraient chaque mois à la porte. La réglementation environnementale RE 2020 met en lumière les nombreuses qualités du chanvre, à commencer par l’approvisionnement en circuit court, la faible empreinte carbone et la réduction des déchets car tout est bon dans le chanvre. Sans oublier que cette culture nécessite peu d’eau et peu ou pas d’intrants.
Faire connaître le chanvre
A la différence de la filière paille, déjà très développée localement, celle du chanvre n’en est qu’à ses débuts. Certes, des pionniers du genre ont depuis longtemps adopté ce mode de construction pour leur propre maison. Mais les collectivités ne s’en sont pas encore saisies. Dans la Vienne, Grand Poitiers semble mobilisée tout comme la Capeb pour la formation des artisans. « Pour constituer une filière, il faut qu’on ait la matière en gros volume, et faire connaître ce matériau aux particuliers à travers les points relais infos, ainsi qu’aux bailleurs et collectivités », souligne Stéphanie Sauvée. Une journée de démonstration est prévue pour eux et les artisans le 22 mars aux Usines de Ligugé. Là où la démarche est subtile, c’est qu’« il faut développer en parallèle le marché alimentaire du chanvre pour ne pas faire des graines un déchet ».
Côté prix, le chanvre reste plus cher à l’achat que la laine de roche. Entre 10 et 12€HT/m2 en vrac sous la toiture et entre 100 et 150€HT/m2 en projection dans le mur. « Mais on réduit ses équipements et sa consommation de chauffage sur la durée et en termes de confort, ça n’a rien à avoir », conclut l’experte.
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