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Aujourd'hui
Doucine ou l’art du réemploi
Clara Schobert redonne vie aux matières oubliées en créant des tenues uniques à partir de textiles de seconde main et d’objets détournés. L’étudiante en informatique a fondé sa propre marque, Doucine.
Comment avez-vous eu l’idée de corréler chiffres d’inscriptions scolaires et dynamiques immobilières ?
« Tout le monde se pose la question sur les territoires... Est-ce vrai que les habitants quittent les métropoles pour aller dans les villes moyennes ?
Il y a des discours parfois très affirmatifs. Mais on ne sait pas car les données sur les mobilités résidentielles ne sont pas disponibles. On peut avoir des achats/ventes de biens sans forcément que cela entraîne des déménagements. Les données sur les inscriptions scolaires dans le 1er degré étaient, elles, exploitables. »
Qu’en ressort-il exactement ?
« L’effet le plus notable, c’est que les choses bougent concernant ces inscriptions dans le
1er degré, qui concernent par nature de jeunes couples. La démographie, d’une manière générale, entraîne une diminution du nombre d’enfants scolarisés. Mais il existe une vraie rupture entre l’avant et l’après-crise. Les territoires qui étaient en meilleure position, les métropoles, sont aujourd’hui plus récessifs que les communautés de communes. Paris, Grenoble, Clermont, Lyon, Nancy enregistrent par exemple des baisses supérieures à 2%. »
Est-ce qu’on peut pour autant parler d’un exode urbain ?
« Nous sommes en train d’approfondir nos recherches. Dans le détail, on s’aperçoit que les communautés de communes près des métropoles gagnent de nouveaux élèves, tout comme des territoires plus lointains mais touristiques, ce qui n’était pas le cas avant la crise. Est-ce parce que ces gens y avaient déjà une résidence secondaire ? Y font plus de télétravail ? C’est à analyser. Ce n’est pas une lame de fond mais bien une rupture de tendance. »
Quelles conséquences cette tendance pourrait-elle avoir sur les communautés de communes/d’agglos ?
« Inscrire un enfant dans une école, ce n’est pas rien. C’est donc un bénéfice pour tous les territoires en perte de vitesse démographique. Les élus peuvent s’en féliciter, même si l’arrivée de nouveaux habitants peut entraîner une demande de plus de services publics. Et, paradoxalement, cette tendance pourrait aussi entraîner une hausse des prix de l’immobilier, au détriment des habitants locaux. »
(*)Tribune à lire dans l’édition du Monde datée du 8 janvier et sur blogs.univ-poitiers.fr/o-bouba-olga.
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