Hier
Elle a découvert le slam au hasard d’une rencontre, il y a bientôt trois ans. Depuis, Phanie -c’est son nom de scène- use de cet art pour exprimer tout ce qui l’anime ou la tourmente. Un moyen pour elle de se retrouver, tout en se connectant aux autres.
La vie nous réserve toujours des surprises. Lesquelles, souvent, ne tiennent qu’à peu de choses. Comme ce jour où Stéphanie s’installe à une table occupée, à l’îlot Tison. L’homme assis face à elle fait du slam. Au fil de la conversation, il l’invite à découvrir les scènes ouvertes au Palais de la bière. Elle décide de se rendre à une session, intriguée par cet art de la poésie dite et déclamée. « Une grosse claque, se souvient celle qui jouait de la basse dans un groupe poitevin de folk-blue grass. J’ai découvert des gens comme moi qui écrivent, ont des pensées à partager… J’ai beaucoup aimé cette diversité. »
Bien qu’intimidée par la scène et cette « mise à nu » face au public, Stéphanie ose se jeter dans l’arène, micro en main. Le déclic. « Le slam, c’est un espace d’expression très libre, sans musique ni accessoire. On peut lire, jouer, danser, crier… Des gens sont là pour t’écouter et rien d’autre, explique la slameuse, aujourd’hui dans le bureau de l’association L’Astre en moi. C’est un milieu sympa et bienveillant. » Surtout, la discipline réveille en Stéphanie le besoin d’exprimer à l’oral des choses trop longtemps enfouies… Une forme d’exutoire. « Petite, je ne pouvais pas m’exprimer. Mon père me disait : « Tu n’as pas voix au chapitre. » Mais aujourd’hui, ma voix, je l’ai reconquise. »
2e d’un tournoi national
Depuis, elle a exhumé « plein de morceaux de textes avortés » de l’enfance. Dans ses écrits, Phanie -le pseudo qu’elle s’est choisie et qui signifie « lumière » en grec ancien- se montre cash sur ses propres souffrances, ses colères et toutes les violences qui la révoltent. « Je me demande parfois si ce n’est pas trop égocentrique. Je ne slame pas pour attirer l’attention sur moi, mais parce que j’en ai besoin, confie l’hypnothérapeute. Lorsque l’on se livre, on se rend compte que beaucoup de gens ressentent la même chose. Ça me reconnecte aux autres. »
Sa voix a trouvé un écho auprès des amateurs de slam. Lors d’une scène au Pince Oreille, fin 2019, elle s’est qualifiée pour un tournoi national, avec deux autres slameurs poitevins. Ensemble, ils ont décroché une belle 2e place au Magret d’argent, à Toulouse, juste avant le premier confinement. « J’ai beaucoup travaillé sur mon oralité, pour que mon expression soit en accord avec ce que je raconte. » A « 47 ans bis » -« parce que je déteste les chiffres pairs »-, Phanie travaille sur un album à paraître en 2022. En parallèle, elle continue d’animer la scène slam locale, dans l’émission Slamtoova sur Radio Pulsar, lors d’ateliers d’écriture à la Maison des projets de Buxerolles ou encore à l’occasion Des Astres en nous, dans les rues de Poitiers. Nimuë, l’une de ses quatre enfants, y a déclamé son premier texte en public, à 11 ans. « Le slam m’a vraiment aidé et m’aide encore à me recentrer sur moi, à me voir comme je suis, en tant que personne. C’est ce que j’essaie de leur transmettre. »
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lundi 23 décembre