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Institut Robuchon : ce que l’on sait... ou pas
Catégories : Economie, Agriculture, Tourisme Date : mardi 19 octobre 2021La version 2 du projet de l’Institut international Joël-Robuchon a été dévoilée la semaine dernière. Il s’appuiera sur trois lieux distincts à Jaunay-Marigny, Chasseneuil et Montmorillon, avec des ouvertures progressives jusqu’en 2025. Qui pour financer ? Le flou demeure.
19 novembre 2015-13 octobre 2021. A six ans d’intervalle, l’Institut international Joël- Robuchon a donc eu droit à un deuxième lancement officiel, cette fois au Futuroscope et non dans un palace parisien. Entre-temps, la version 1 du projet cher au plus Poitevin des grands chefs de ce monde a disparu ou presque des radars. Exit l’idée d’un lieu unique à Montmorillon, dont le montant avait été chiffré à 65M€. Les fonds, asiatiques, ne sont jamais venus et la disparition de Joël Robuchon, à l’été 2018, a un peu plus éloigné les investisseurs du Sud-Vienne. L’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin évoque une « double tragédie » -avec la pandémie- pour justifier le retard à l’allumage.
Cette deuxième version de « l’école de la gastronomie à la française » est une fusée à trois étages, dont Sophie Robuchon est la lanceuse en chef, en sa qualité de présidente du groupe familial. Le cœur de l’IIJR se trouvera autour de la fleur de Lotus rénovée, près du Lycée pilote innovant international, où un bâtiment sera érigée dès mars 2022, pour une ouverture en septembre 2023. Il abritera les activités de formation initiale et professionnelle, les ateliers pédagogiques et les sessions dédiées à l’alimentation de demain, ainsi que l’administration. De son côté, l’ancien lycée de Grand-Pont, à Chasseneuil, sera entièrement rénové par la Région Nouvelle-Aquitaine pour le transformer en école régionale de cuisine collective. L’établissement servira aussi de complexe culturel, sportif et hébergera les formateurs et apprenants. Des serres pédagogiques et cultures maraîchères approvisionneront les cuisines. Livraison prévue en 2025. Enfin, en mai-juin 2025, une partie de la maison-Dieu -toujours propriété du CHU de Poitiers- hébergera un hôtel-restaurant-spa haut de gamme. Les promoteurs de l’Institut le voient comme le lieu où « les jeunes pourront être leur propre patron ». Une sorte d’école-entreprise chère à Joël Robuchon.
Pas en concurrence
Les grands chefs Régis Marcon et Christophe Quantin(*) tablent sur 3 350 étudiants et stagiaires par an, 200 emplois directs, 300 indirects avec, en vitesse de croisière, un chiffre d’affaires de 16M€ par an. A ce stade du projet, ils restent toutefois très discrets sur le financement des investissements estimés entre 70 et 80M€. Si la Région assumera seule la rénovation de Grand-Pont (30M€), si le Département est appelé à financer une partie de la construction/rénovation du Lotus (25-30M€) via la SEM patrimoniale, restent quelques millions d’euros en souffrance. Christophe Quantin évoque « un investisseur privé français et un pool bancaire » en appui. Sans plus de détails. De sources concordantes, le nom du fameux groupe français pourrait être dévoilé dans les prochaines semaines. La Caisse des dépôts serait aussi associée au tour de table.
Au-delà, l’Institut international Joël-Robuchon devra rivaliser d’imagination pour recruter ses futurs apprenants. « Il ne peut pas et ne doit pas entrer en concurrence avec les CFA et lycées hôteliers », prévient Alain Rousset, patron de la Nouvelle-Aquitaine. L’IIJR délivrera pourtant des titres et diplômes reconnus par l’Education nationale. Et Alain Rousset de conclure sur l’opportunité d’inventer « un projet disruptif » et porteur d’une forme de « souveraineté » nationale. Du soft power en quelque sorte.
(*)Futur directeur régional de la société d’exploitation de l’Institut.
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