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Dominique Hummel : « Le tourisme a supporté toutes les crises »
Catégorie : Tourisme Date : mardi 13 juillet 2021Ancien directeur général du Futuroscope, Dominique Hummel continue de mener des missions partout en France au services des collectivités soucieuses de développer des projets touristiques. Il se montre plutôt optimiste pour l’avenir du secteur.
A quoi va ressembler le tourisme post-Covid de votre point de vue ?
« Ceux qui pensent qu’on a appuyé sur le bouton stop et qu’il suffit de réappuyer sur le bouton on comme avant se trompent. On a plusieurs changements dont on peut penser qu’ils seront durables. Après, on reste dans une forme d’incertitude par rapport à des éléments-clés. J’ai noté dans un récent sondage Harris que le voyage ressenti à travers son manque du fait des confinements est la frustration numéro 2 des Français. Cette envie au fond de la tête et du cœur des gens sera toujours plus forte que la Covid. Le sociologue Jean Viard parlait des « 3 R », besoin de rupture, de ressourcement, de retrouvailles. C’est la raison pour laquelle le tourisme a supporté toutes les crises. »
Les voyages à l’étranger semblent encore compliqués. Est-ce une aubaine pour les destinations françaises ?
« Dans les deux ou trois ans, le contexte sanitaire va freiner les mobilités, notamment internationales. Mais quand on aura la possibilité d’aller ailleurs, on ira. Au-delà, la Covid a pas mal de conséquences sur les modèles économiques. Avant, il fallait réserver plusieurs mois à l’avance, verser un acompte. Aujourd’hui, on est rentré dans un système de flexibilité absolue, qui est définitivement un acquis pour les consommateurs. Il existe un autre sujet : comment on gère la montée de la congestion. Il y avait déjà des critiques liées au sur-tourisme dans certains territoires. Aujourd’hui, il est nécessaire de repenser les attractions, les spectacles, les restaurants en tenant compte de l’appréhension de la foule et de cette capacité à gérer la distance. Il faudra intégrer le principe de précaution sanitaire. »
On parle beaucoup de tourisme vert,
de retour à la nature...
« C’est une vraie tendance, effectivement. L’année dernière, dans le Top 3 des progressions de réservations saisonnières, trois départements ont affiché une croissance à plus de 100% par rapport à 2019 : le Périgord, les Vosges et le Jura. Dans la Vienne, en 2020, le Parc de la Belle a fait son meilleur été de tous les temps et le Domaine de Dienné son meilleur mois d’août de son histoire. La situation redonne une chance à la campagne, qui était un peu le parent pauvre des destinations touristiques, sans doute aussi parce qu’on a la mer, la montagne… »
Au-delà du besoin de nature, la prise en compte de l’environnement est-elle plus affirmée ?
« Avant, les questions d’environnement, d’écologie étaient sociétales, politiques, collectives. On a vu à travers la crise sanitaire que c’est aussi une question individuelle liée à la santé. On ne pourra donc plus tout à fait se comporter de la même manière sur la gestion des sites touristiques. Je note aussi qu’un territoire embarque désormais tout le monde, au-delà des sites de visite, l’agriculture, la viticulture… »
Etes-vous optimiste pour l’avenir du tourisme dans la Vienne ?
« La Vienne est aujourd’hui essentiellement portée par deux sites, le Futuroscope et Center Parcs. La question est de savoir si on peut passer à un modèle touristique où l’attractivité est portée par le territoire tout entier parce qu’on va jouer ces cartes de la campagne, d’autres propositions. Il s’agit de passer d’une logique de court séjour à une idée de moyen séjour. Il y a une idée à creuser autour du slow tourisme dans ce département. »
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