Trois questions à Benoît de Sagazan, journaliste, rédacteur en chef du Monde de la Bible.

Romain Mudrak

Le7.info

Le patrimoine religieux en France est-il en péril ?
« On entend beaucoup de chiffres catastrophiques qui ne sont ni vérifiés, ni vérifiables. Le paradoxe de la France, par rapport à d’autres pays européens, c’est que la loi de 1905 a protégé nos églises. On a vécu sur l’idée que seule la messe pouvait justifier leur ouverture. On a oublié leur vie sociale. Par exemple, en 1789, des cahiers de doléances ont été débattus dans des églises. »

Quel est, selon vous, l’avenir de ce patrimoine ?
« Si la communauté chrétienne locale est vaillante, il est de son devoir d’ouvrir l’église à tous, hors des temps de messe dominicaux, comme lors de la Nuit des églises. En Italie, on pousse les bancs et on organise des repas pour les SDF, les migrants... La communauté chré- tienne peut aussi réfléchir à des usages partagés qui répondent aux besoins de la commune. La troisième voie est celle de la désaffectation, mais elle est toujours définitive. »

Au-delà de la désaffectation, il y a la démolition...
« La démolition doit être l’ultime recours. Partout où on a démoli une église, la population est restée divisée. Il y a un exemple dans la Nièvre où la population s’est fédérée pour organiser des événements et récolter des fonds (ndlr, chapelle du Mont Sabot, à Neuffontaines). Il faut arrêter de voir le patrimoine comme un boulet. D’autrant qu’une démollition a un coût, autour de 200 000 à 300 000€. »

ELLE L’A DIT...
« Pendant des années, les maires ont préféré faire des ronds-points horribles plutôt que d’entretenir les églises. Aujourd’hui, tout le monde redécouvre les richesses du patrimoine et ses atouts touristiques, mais ce laisser-aller a fait grimper les coûts. »
D’Edith d’Aubert, directrice de l’Observatoire du patrimoine religieux, dont la vocation consiste à effectuer l’inventaire des monuments français, toutes religions confondues, et à alerter sur leur état de conservation.

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