Une vie en vol plané

Instructeur à l’aéroclub de Chauvigny, Marc Weibel possède quatre planeurs historiques qu’il rénove et entretient avec patience et passion depuis des années.

Claire Brugier

Le7.info

Marc Weibel ne sait pas très bien d’où lui vient sa passion pour les planeurs. Des Aventures de Buck Danny peut-être… Il se souvient avoir beaucoup lu la BD lorsqu’il avait une dizaine d’années, puis de s’être plongé dans le modélisme. « Mais pour voler ! », précise-t-il aussitôt. Pas question de fabriquer des maquettes inertes. « J’ai construit plusieurs avions de vol circulaire à partir de plans. J’avais acheté un moteur, je cassais, je refaisais... » Aîné d’une fratrie de cinq enfants, l’adolescent avait trouvé la parade pour avoir des moments rien qu’à lui. Jusqu’à ce que fin 1974, son père les emmène, sa sœur et lui, à l’aéroclub de Mulhouse. « Un an après, j’étais breveté. » Quatre ans plus tard, il emménageait au Blanc et entrait à l’Ensma pour finalement intégrer Dassault Aviation, à Saint-Cloud. Il y est resté cinq ans avant de bifurquer vers EDF-GDF, sans jamais perdre de vue les planeurs, historiques de préférence. 


Titulaire des brevets de pilote de planeur, d’avion, d’instructeur et de remorqueur, Marc Weibel a toujours jeté un regard attendri sur les modèles de bois et de toile aperçus d’un aéroclub à l’autre. A Mulhouse déjà, « dans le fond du hangar, il y avait un planeur à moitié désossé, se souvient-il. Un SA-103 Emouchet, avec des patins et sans verrière ». Au Blanc, « au grenier, il y avait aussi un planeur ». Sans oublier le FS 25 F « Cuervo » que Jacques Tessier et ses élèves de l’Ensma se sont appliqués à construire entre 1974 et 1981. « J’en ai été l’un des trois pilotes », avance l’ancien étudiant. Puis le passionné a eu les siens, les Bréguet 900-01 (La Louisette) et 900-1, le Castel C-3010 et l’Arsenal 4111. Rien que des modèles dont les premiers vols remontent aux années d’après-guerre. Vertigineux. Au début des années 1990, il leur a réservé un bâtiment à l’arrière de sa maison du Médoc. Une décennie plus tard, à Chauvigny, il leur a construit un vaste atelier. Même les ailes démontées, des engins de 14,60m d’envergure (environ 200kg), voire 19,20m pour l’Arsenal 4111, prennent un peu de place… 


Remonter le temps

A 62 ans, Marc Weibel est aujourd’hui l’un des deux instructeurs de l’aéroclub de Chauvigny. Il compte plus de 5 700 heures de vol en planeur et presque
1 000 en avion. Quant au temps passé à restaurer ses machines volantes, il ne le compte plus. Plus de 2 000 heures rien que sur le Bréguet 900-01, un prototype dont il a entièrement refait le fuselage en contreplaqué, les collages, la mécanique, la peinture... « C’est son domaine, résume son épouse Françoise. Et pendant qu’il est en l’air, moi je gratouille dans mon jardin. » La passion de son mari n’est jamais très loin, souvent dans la remorque à l’arrière du camping-car. Toutes les occasions sont bonnes pour tester les vents et les ascendances ou se retrouver entre membres de Dédale, l’association des amateurs de planeurs de collection. En balayant du regard son atelier, Marc Weibel se dit qu’il serait sage de se séparer de l’un de ses trois pensionnaires pour pouvoir offrir une deuxième restauration à son Arsenal 4111, hébergé ailleurs, ou pour accueillir un bi-place. Mais la conviction n’y est pas.

À lire aussi ...