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Les ados ne décrochent pas seuls
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D’emblée, il fait remarquer -sur le ton de la boutade- que « l’année gaullienne, c’était en 2020 ! » Certes. Mais il n’est pas trop tard pour s’intéresser à l’impressionnante collection de Lucien Jugé. Propriétaire de quelque 5 000 pièces (!), le maire de Scorbé-Clairvaux est, en France, l’un des trois plus grands collectionneurs d’objets se rapportant au Général de Gaulle. Mais le seul, à ce jour, à y avoir dédié un lieu d’exposition ouvert au public. « Mon garage était plein d’objets, se rappelle-t-il. En 2010, j’ai donc proposé au conseil municipal de donner ma collection à la commune et d’en faire un musée. » En 2020, le lieu a reçu pas moins de 700 visites.
Cette passion singulière et entière pour de Gaulle, « l’homme », Lucien Jugé la nourrit depuis qu’il a assisté à ses obsèques, le 12 novembre 1970, à la cathédrale Notre-Dame-de-Paris. Il a alors 21 ans. « J’y ai fait le vœu de consacrer une heure de ma vie minimum par jour à sa mémoire. Et je m’y suis tenu », se souvient-il, sans plus d’explications. Dès le lendemain de la cérémonie, il se procure tous les journaux nationaux et parisiens. Puis année après année parvient à dénicher des ouvrages, des affiches, des tirages photos, des timbres… Et des objets rares, comme ce micro Macroni qui se trouvait dans les studios de la BBC en juin 1940, ou encore cette machine à écrire Underwood, utilisée par le secrétariat du quartier général de la France libre, à Carlton Gardens. « Je ne rate aucune vente aux enchères, dit-il. Et j’ai mes antiquaires préférés. » Il lui arrive encore souvent de recevoir des dons.
Chacune de ces trouvailles raconte à Lucien Jugé quelque chose de l’histoire du Général. « J’ai découvert un homme de vision, d’une audace incroyable, qui était amoureux de la France. Tout le monde le connaît mais personne ne vous parlera de sa période 1930-1940. C’était une bête de combat politique, mais aussi un humaniste caché. » Pas gaulliste pour autant, l’élu de 72 ans est une source intarissable d’anecdotes et de faits sur la vie du Général, qu’il prend plaisir à révéler durant les visites au musée.
Qu’il s’exprime devant des historiens, des politiques ou le grand public, il n’a pas son pareil pour transmettre sa passion de la figure gaullienne. « Il faut se mettre à la hauteur des gens, leur raconter ce qu’ils veulent entendre. » Avec son association « De Gaulle, mémoire pour l’avenir » (200 adhérents), Lucien Jugé organise chaque année des conférences, des sorties… Et surtout un concours en lien avec le laboratoire Criham et le pôle civique du rectorat de Poitiers, récompensant un travail original portant sur l’histoire ou la mémoire du Général. « J’ai récemment reçu un collégien de 11 ans qui m’a assuré de sa participation », sourit le maire. La relève est assurée.
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