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Les ados ne décrochent pas seuls
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Qu’auriez-vous fait à sa place ? Cette question est au cœur d’une expérience originale menée par un groupe d’une dizaine d’étudiantes de Poitiers. Elles -il n’y a qu’un garçon- sont de futures sages-femmes, infirmières ou médecins. Certaines sont confrontées à la (dure) réalité du terrain dès la première année. On imagine bien le genre de situations délicates et d’annonces douloureuses auxquelles elles doivent faire face quotidiennement dans leurs services respectifs. Une idée a donc germé : utiliser le théâtre pour revivre les scènes difficiles.
On appelle ce concept le théâtre-forum. Nicolas Hay, comédien au sein de la Compagnie Arlette-Moreau, est devenu un expert en la matière depuis qu’il s’est formé au Théâtre de l’Opprimé, à Paris. L’artiste poitevin est déjà intervenu en prison et dans des maisons de quartier pour des sessions d’éducation aux médias. C’est lui qui a accompagné le groupe dans la mise en scène de sa vie professionnelle. « Cette méthode a été inventée dans les années 60 au Brésil par Augusto Boal pour parler du mouvement des paysans sans terre, rappelle l’artiste poitevin. A l’époque, c’était comme une répétition générale de la future révolution. »
Les premiers ateliers ont débuté en septembre 2020. « Chacun a reproduit un moment particulièrement percutant qu’il a vécu, d’abord sans parole afin d’analyser les postures et toute la communication non verbale », se souvient Romane Cancouët, l’une des protagonistes. Les autres étudiants ont tous endossé un rôle pour l’occasion. Exemple : un accouchement à gérer en urgence. Une sage-femme, une étudiante et un médecin obstétricien s’affairent au bloc quand, soudain, ce dernier décide d’exclure l’apprentie. « L’objectif n’est pas d’incriminer quelqu’un mais bien de comprendre pourquoi l’interaction entre ces deux personnes a mal tourné », poursuit Romane.
« Ensuite, le but est de jouer ces scènes devant un public et de susciter l’intervention des spectateurs pour qu’ils proposent des alternatives », explique Nicolas Hay. On entre alors dans un processus d’intelligence collective et d’interaction cher à la troupe poitevine, dans la rue ou ailleurs. Problème : la Covid-19 empêche pour l’instant toute représentation. En attendant de pouvoir caler une date, Edna Briaud, l’autre étudiante sage-femme à l’origine du projet, se félicite du travail accompli : « Le groupe s’est montré bienveillant. Mettre des mots sur ses difficultés fait du bien. Personnellement, je me sens déjà mieux armée face à certaines situations. » Et si cette méthode venait renforcer plus largement les formations traditionnelles ?
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