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Conseil municipal/Budget : les premiers choix de l'équipe Moncond'huy
Catégorie : Société Date : mardi 23 février 2021Léonore Moncond’huy et son équipe présentaient hier soir ses premières orientations budgétaires marquées par une hausse des dépenses et de la dette. Un choix maîtrisé pour les uns, dangereux pour d’autres.
« Il va falloir s’accrocher en 2021. » Dans ses propos introductifs, la maire Léonore Moncond’huy a posé le décor. Mais ce conseil municipal dédié essentiellement à la présentation des orientations budgétaires avait surtout pour ambition de « construire l’avenir et préparer la transition écologique ». La nouvelle majorité municipale a ainsi annoncé une hausse des investissements passant de 19 à 24M€ par an (+5M€). De la même façon, les dépenses de fonctionnement devraient passer de 105 à 110-111M€ (+1,1%). « Nous allons augmenter de 1,5% nos ressources humaines avec de nouvelles compétences : manager de centre-ville, responsable de la participation citoyenne mais aussi plus de stages et de services civiques », précise Léonore Moncond’huy.
Plus dette, moins d'épargne
Tout cela, « sans augmentation de la fiscalité directe ». Alors comment financer tout cela ? Plusieurs pistes sont envisagées. D’abord, « l’objectif est de solliciter les partenaires de la collectivité et de développer les financements de l’Europe, l’Etat notamment avec le plan France Relance, la Région, le Département, permettant ainsi de gagner des marges de manœuvre financière pour la Ville. L’objectif est de voir les projets cofinancés en moyenne à hauteur de 15% », a indiqué l'équipe municipale, contre 10% aujourd’hui. Les résultats chiffrés de ces premières mobilisations seront livrés « fin mars ». L’autre axe de travail consiste à accroître la dette (de 92,5M€ en 2019 à 114,7M€ en 2026) et à réduire l’épargne de la commune. Le taux d’épargne brut devrait ainsi passer de 15% à 11%. Sa capacité de désendettement passera de 5 à 8 ans, la limite légale étant de 12 ans. « Il faut rappeler que la dette par habitant de Poitiers est de 998€ en 2020 est sensiblement inférieure à celle de la strate des villes de 50 000 à 100 000 habitants qui est de 1 368€ », souligne Robert Rochaud, adjoint EELV aux Finances (notre photo).
« Tirer la sonnette d'alarme »
C’est sur cet aspect en particulier que François Blanchard a marqué son opposition : « Vous choisissez d’augmenter plus fortement les dépenses que les recettes. Nous sommes là pour tirer la sonnette d’alarme. Vous allez dégrader l’épargne brute qui assure nos capacités d’autofinancement. En augmentant la dette sur une période plus longue, vous ferez porter vos choix sur les générations futures. Ce qui marchera peut-être six ans, ne marchera pas douze. » Sous-entendu, avec ce choix, la mairie sera obligée un jour d’augmenter les impôts. « Vos intentions sont louables mais les conséquences pourraient être graves, a poursuivi sa collègue Lucile Vallet. Je vous invite à temporiser vos dépenses. » « Je suis grand-père, la situation climatique que vivront mes petits-fils sera catastrophique, a rétorqué Robert Rochaud. Il n'est plus temps de temporiser, il faut accélérer au contraire. » De son côté, Anthony Brottier a regretté le manque d’informations par rapport aux précédentes orientations. Il a également été déçu par « le virage écologique », « la place de Poitiers en Nouvelle-Aquitaine » ou encore « le soutien à la jeunesse ». « La situation financière de Poitiers est saine, Robert Rochaud a salué sincèrement le travail de l'équipe précédente », a concédé la maire de Poitiers. Avant de reprendre : « Mais comme dirait la pub, cela sert à quoi d'avoir des vêtements si on ne peut rien faire dedans ? On se saisit maintenant des leviers disponibles de façon audacieuse. »
Ces orientations budgétaires ont été logiquement actées (pas de vote). Le premier budget de la nouvelle municipalité sera présenté en mars.
Les recettes de fonctionnement pour l’année 2021 "sont quasi stables", selon la Mairie. Elles s’élèvent à près de 121 M€ environ réparties comme suit :
Fiscalité = 71M€
Dotations = 34M€
Autres recettes (garderie, cantine, occupation du domaine public…) = 15M€
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