Les ados ne décrochent pas seuls

Les ados passent des heures sur leur smartphone. Mais en ont-ils vraiment conscience ? Une étude originale menée à Poitiers démontre que l’autorégulation n’est pas naturelle.

Romain Mudrak

Le7.info

Des élèves de seconde du lycée Victor-Hugo, à Poitiers, ont accepté récemment d’installer une application « espionne » sur leur smartphone. Pour les besoins d’une étude scientifique, tous leurs comportements numériques ont été scrutés pendant trois mois : les applications les plus utilisées, comment vont-ils de l’une à l’autre, à quelle heure… « On s’est concentré sur l’impact du smartphone sur leur dette de sommeil, explique Hassina El Kachaï, enseignante-chercheuse au laboratoire poitevin Techné, spécialisée dans les technologies numériques pour l’éducation. Sans surprise, les réseaux sociaux sont très présents, mais beaucoup d’élèves ont été surpris de découvrir le temps qu’ils y passent la nuit. »

Utiliser un smartphone, ça s’apprend !

Pour autant cette prise de conscience a-t-elle permis d’enclencher un processus d’autorégulation des élèves ? Pas si simple… Les jeunes de 7 à 
19 ans passent 3h11 par jour en moyenne devant un écran. Et ils ont beaucoup de mal à décrocher. « Quand on les interroge, ils ne savent pas expliquer ce qui capte leur attention, poursuit la chercheuse. Les plus motivés bricolent des solutions mais ils ne s’imposent pas des temps de déconnexion. » Ce sont souvent les parents qui s’y collent de façon autoritaire ! 
Ou le collège (lire ci-contre). L’autre voie envisageable, c’est la responsabilisation. « Il faut expliquer aux ados le côté technique, la marchandisation des données, comment et pourquoi on veut capter leur attention, développer leur esprit critique. » Utiliser un smartphone, ça s’apprend ! Pix est une bonne base. Mais pour aller plus loin, Techné et Réseau Canopé planchent sur une formation pour les enseignants qui veulent aider leurs élèves à autoréguler leurs usages du smartphone. Elle sera disponible à la rentrée prochaine. A noter aussi que les Orks Grand Poitiers proposent des cours de « parentalité numérique ». Dorian, lui, lycéen à Victor-Hugo, continue d’utiliser l’application même si l’étude est terminée. AppliZZZ est disponible sur Androïd uniquement.


« Pause numérique » au collège de Latil
Depuis le retour des vacances de la Toussaint, les élèves du collège Arthur-Rimbaud de Latillé doivent ranger leur smartphone dans une pochette qu’ils verrouillent sur une borne électronique à l’entrée de l’établissement. Déjà interdits en cours, les portables sont donc maintenant écartés des couloirs et des récrés. En France, près de 200 établissements et environ 50 000 élèves participent à cette expérimentation intitulée « pause numérique ». L’idée ? Eviter les usages intempestifs et le cyberharcèlement, améliorer la capacité de concentration des élèves et leur permettre de se reconnecter… en vrai.  France Inter a consacré une série de chroniques à ce dispositif toute la semaine dernière à 13h45.

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