Oubliés en refuge

A travers Les Oubliés, un livre de photos prises au refuge de l’ASA de Châtellerault où il est soigneur, Florian Gibault dénonce la dure vie en refuge d’animaux abandonnés. Un livre-témoignage où les regards sont cruellement tristes.

Claire Brugier

Le7.info

Ils ne se plaindront jamais avec des mots évidemment, à la rigueur en jappant ou en miaulant. Pourtant, sur chacune des photos prises par Florian Gibault, les yeux des pensionnaires à poils du refuge de l’Assistance et secours aux animaux (ASA) de Châtellerault en disent long. Le soigneur leur consacre un livre, Les Oubliés, publié au profit de l’association où il travaille depuis sept ans. « La vie en refuge est très dure », répète-t-il, toujours dépité lorsqu’il reçoit un maître convaincu que son chien, après avoir connu la vie dans une maison, y sera mieux que dans son nouveau petit appartement. Mieux seul, dans un box de 12m2… «  Il y a de la vie dans un refuge, mais très ponctuellement. La nuit il n’y a personne, l’attente est très longue. Et puis c’est très bruyant. Les animaux ne mentent pas quand ils ont le regard triste. La solitude les tue à petit feu. Pour eux, c’est le Covid toute l’année ! Moi-même je ne pensais pas, avant d’y entrer, qu’il y avait autant de tristesse et de dureté. »

L’ASA, qui vit des dons, des adoptions et de maigres subventions, héberge une soixantaine de chiens et une centaine de chats. « Ils peuvent être adoptés en quelques jours mais certains y sont depuis plus de sept ans, alors que ce devrait juste être une période de transit… »

« Des photos volées »

Las de ce constat, Florian Gibault a voulu « faire changer les mentalités » en alliant ses deux passions, les animaux et la photo. « J’ai toujours été attiré par les animaux et j’ai toujours voulu travailler avec. » Pour ce qui est de la photo, il s’est lancé depuis une douzaine d’années dans des portraits, des clichés de femmes enceintes, de couples… Et « de chiens de particuliers, de façon assez graphique ». Ces derniers mois, le photographe n’a pas lâché son appareil. « Je l’avais toujours sur moi mais c’était plus des photos volées de ce qui me faisait le plus mal au cœur, de moments de vie. » Ce n’est que plus tard qu’est née l’idée d’un livre, assorti de citations pour appuyer le message visuel. Florian Gibault a volontairement sélectionné « des images dures, épurées pour mettre en avant les regards, en noir et blanc, sur un papier mat presque granuleux. Tout y est brut, pour que les gens aient un choc ». Sûr que, s’ils pouvaient parler, Hastus le griffon, Nougat le corgi et Oxo le labrador approuveraient.

Les Oubliés, 13,50€, en vente au refuge, à la papeterie Bellati et au salon de toilettage Sweety Dog à Châtellerault, ainsi que sur Amazon. Plus de renseignements : Asa Châtellerault, tél. 05 49 21 61 11, visites et adoptions du lundi au samedi de 15h à 17h.

À lire aussi ...