Le 10 décembre, les mots bleus de Christophe ont à nouveau résonné dans l’intimité, ou presque, du Théâtre-auditorium de Poitiers. A l’issue de cinq jours de résidence, Barbara Carlotti, Juliette Armanet, Philippe Katerine, Malik Djoudi, accompagnés des musiciens Louis Delorme, Benoît de Villeneuve, Thibault Frisoni et Adrien Soleiman, reprenaient sur scène quatorze des plus belles chansons du « beau bizarre ». Chacun dans son style, pour un concert-hommage riche d’émotions. Mention toute particulière à la version piano-voix de La Dolce Vita par Juliette Armanet.
« Il y a ses mots, mais aussi sa passion pour les synthés, son approche de la musique comme une matière sonore, formidable et assez unique…, présente Barbara Carlotti, qui a assuré la direction artistique du projet. On essaye tous de rendre cette dimension de la musique de Christophe. C’est comme continuer à discuter avec lui. » Malik Djoudi ne dit pas le contraire. Le Poitevin, qui espérait enregistrer un duo avec celui dont il a déjà assuré une première partie, continue d’explorer une filiation musicale. En témoigne sa reprise des Mots bleus. « Mon rapport à Christophe est d’abord inconscient. Je me rends compte que sa musique m’a beaucoup inspiré. Plus j’écoutais son œuvre, plus je trouvais de similitudes avec ce que je faisais. Ce lien était assez fou. »
La nouvelle de la disparition du chanteur, le 16 avril 2020, avait suscité un vif émoi chez bon nombre d’artistes. « Christophe était une figure à part, le symbole de l’originalité, du dandysme qu’il défend dans ses chansons. Il est le seul à avoir pu traverser les époques en gardant sa singularité, tout en faisant évoluer sa musique et en renouvelant son style, explique Barbara Carlotti. Voir disparaître ce genre de personne au moment où la culture était un peu mise à mal, c’était un symbole très fort, ça nous a beaucoup affectés. » Des hommages avaient alors émergé des réseaux sociaux, inspirant au TAP l’idée de ce concert, intitulé Laboratoire Bevilacqua (du nom du chanteur), pendant le confinement.
Il avait été évidemment pensé pour être joué face à un public. Mais reconfinement oblige, le TAP a dû revoir ses plans, une fois de plus. « On voulait fabriquer l’objet, dans l’idée de le reprendre, de le montrer, rappelle Christophe Potet, le directeur des projets artistiques. Puis est arrivée cette idée de captation vidéo pour Arte Concert, qui donne une résolution stimulante au projet. » Enregistré le soir-même par les caméras de Sourdoreille, le Laboratoire Bevilacqua sera diffusé à partir du 20 janvier, 19h, sur la plateforme numérique de la chaîne publique. Il devrait toutefois revenir dans la programmation du TAP la saison prochaine, si le contexte sanitaire le permet.
Le concert du laboratoire Bevilacqua sera disponible sur www.arte.tv/fr/arte-concert
DR - Arthur PéquinÀ lire aussi ...
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