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Sur le papier, le tracé de la ligne LGV Sud Europe Atlantique, ouverte en 2017, était assorti de mesures de compensation environnementale. Dans les faits, 83 sites ont été identifiés dans la Vienne.
Lors de la construction de la LGV Sud Europe Atlantique, le concessionnaire Lisea s’était engagé à éviter, réduire et, en dernier recours, compenser ses impacts sur l’environnement. Trois ans après l’ouverture des 302km de voie entre Tours et Bordeaux, les mesures dites de compensation environnementale ont été mises en place sur 250 sites, dont 83 dans la Vienne.
Le concessionnaire de la LGV en a acquis 40%, dont il a confié la gestion au Conservatoire des espaces naturels. Le reste, la majorité (environ 400ha), a fait l’objet de conventionnements via des baux ruraux à clause environnementale, renouvelables tous les cinq, dix ou quinze ans. Les propriétaires, en majorité privés, sollicités via la Chambre d’agriculture ou le Centre régional de la propriété foncière, se sont engagés à respecter un cahier des charges, moyennant une compensation de 100 à 650€ par ha et par an, selon les contraintes imposées. « Nous avons établi plus d’une trentaine de cahiers des charges, regroupés par grands types d’enjeux », explique Caroline Demilecamps, responsable des mesures compensatoires environnementales. Pour ce faire, Lisea s’est beaucoup appuyé sur l’expertise de Vienne Nature, en charge sur le long terme du suivi des espèces visées.
« Prévoir une plus-value »
« Si l’on se place en tant que puriste, aucune compensation ne pourra remplacer ce qui a été détruit », lance Miguel Gailledrat. Le coordinateur de Vienne Nature évalue à une centaine les espèces touchées par le tracé de la LGV. « Chacune a des exigences écologiques spécifiques. Les compensations doivent prévoir une plus-value, elles ne peuvent pas être mises en place sur des milieux déjà fonctionnels. » L’association a donc désigné de « nouveaux » secteurs géographiques à préserver pour favoriser le développement d’espèces déjà présentes sur le département.
Sur les 690 hectares ainsi fléchés, plus de 400, situés notamment du côté du Mirebalais-Neuvillois et dans le Sud- Vienne, concernent les oiseaux de plaine comme l’outarde canepetière ou l’œdicnème criard. « Ces espèces nichent au sol et se nourrissent de résidus de récolte, souligne Caroline Demilecamps. Le cahier des charges impose, entre autres, le retard de fauche, l’absence de traitements pour favoriser les insectes dont se nourrissent ces oiseaux... »
Pour encourager les populations d’amphibiens tels que le triton marbré ou la reinette verte, des réseaux de mares ont été creusés, comme à Chaunay. En collaboration avec la fédération de pêche, des boisements alluviaux et des frayères à brochets ont été installés ; on en trouve le long de la Boivre à Poitiers. Du côté de Beaumont, Lavoux ou Ligugé, des bois sont désormais interdits à la coupe pendant vingt-cinq ans minimum pour préserver la quiétude des insectes, chauves-souris et oiseaux cavernicoles susceptibles d’y trouver refuge.
Lisea s’est engagé dans ces mesures jusqu’en 2061, date de fin de la concession. « Le coût moyen de gestion d’une parcelle est de 600€ par ha et par an pour une parcelle sous conventionnement et de 1 000€ en acquisition », estime Caroline Demilecamps. Mais le maintien de la biodiversité n’a pas de prix.
Crédit photo : Fédération de pêche de la Vienne.
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