Hier
A Saint-Pierre-de-Maillé, où ils ont posé leurs valises en début d’année, Mathieu et Thierry Gosseye ont ouvert le Matibyll et inauguré des dîners dans le noir. Une expérience unique dans la Vienne, qui endort la vue mais réveille les autres sens.
Jamais à court d’idées, ils proposent depuis le début du mois d’octobre des dîners dans le noir, « pour faire redécouvrir aux gens le vrai goût des choses », note Thierry. Et aussi parce que « manger dans le noir, c’est personnellement quelque chose qui m’attire, confie Mathieu. Mais devoir monter à Paris pour en faire l’expérience… » Le concept, parfois proposé ponctuellement dans la Vienne, jamais de façon récurrente, est simple. La mise en œuvre -le serveur est équipé de lunettes infrarouge- n’est somme toute pas très différente d’un service normal. Non, la tâche la plus ardue revient indubitablement aux convives.
Tandis que Thierry s’active aux fourneaux, Mathieu, prévenant, accompagne ses hôtes d’un soir et les rassure de son sourire… sonore ! Lui voit tout, eux rien, l’obscurité intégrale. Et les difficultés commencent dès la carafe d’eau. « Laissez un doigt dans le verre pour éviter que cela déborde », conseille-t-il. Facile à dire, encore faut-il être certain d’avoir placé le verre en face de la cruche.
Sans la vue, avec les doigts
Arrive l’entrée. Fourchette ? Présente. Couteau ? Présent. Rien ne manque à l’appel et pourtant, sans la vue, le goût des aliments n’est pas aussi évident, le parcours jusqu’aux lèvres se complique. Maudite fourchette, à croire qu’elle a des dents en mousse. Elle pique, tinte dans l’assiette mais, arrivée dans la bouche, elle est désespérément vide. Or, si la vue est condamnée, l’odorat est aux aguets et le goût impatient. Heureusement, on peut appeler le toucher à la rescousse. D’aucuns vous diront sans doute qu’ils n’ont pas mis les doigts dans leur assiette, ne les croyez pas ! En plus, ils seraient passés à côté de ce petit goût d’interdit, gentiment inconvenant, qui apporte au dîner un côté régressif tout à fait savoureux.
A chaque table, on décortique les saveurs, on sonde les consistances, on parlemente. « Qu’est-ce que tu racontes ? C’est du poisson pas de la viande ! » « Ça ne peut pas être du vin rouge ! » « Ça ressemble à… » Le temps passe étrangement vite à mener cette enquête gustative. La lumière se rallume déjà sur les tables et Thierry apparaît pour donner les solutions de l’énigme. Mais au fait, pourquoi le Matibyll ? « Parce que (…), alors, pour nous, c’était une évidence », lance Mathieu. Vous ne voyez pas ? Posez-lui donc la question directement.
Dîner dans le noir : 34,90€ (entrée, plat, dessert, boisson incluse), sur réservation. Plus d’infos sur la page Facebook Matibyll.
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