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Artisanat, bâtiment, hôtellerie-restauration... Une grande partie des dirigeants sont dans le flou sur leur activité à court terme. Dans ce contexte, la formation des jeunes ne semble pas constituer une priorité. L’Etat prévoit des aides importantes pour l’apprentissage à partir du 1er juillet. Suffisant ?
Le Centre de formation des apprentis du bâtiment, à Saint-Benoît, a repris du service dès le 25 mai. En effectif réduit, protocole sanitaire oblige. Avec 80 jeunes présents chaque jour, l’établissement (600 inscrits) flirte avec sa capacité d’accueil maximum. Cette gestion du quotidien est déjà compliquée. Mais de surcroît, Ghislaine Pinier-David doit aussi préparer l’avenir. Or, les chiffres ne sont pas très encourageants. « Du côté des employeurs, les intentions de recrutement d’apprentis ont diminué de moitié », selon la secrétaire générale de BTP CFA Poitou-Charentes. La raison ? Les dirigeants sont dans l’incertitude. « Beaucoup fonctionnent encore sur le carnet de commandes rempli avant le confinement. » Celui-ci devrait les occuper jusqu’en septembre au mieux. Difficile de prévoir la suite.
Cette situation ne concerne pas uniquement le bâtiment. L’artisanat dans son ensemble, l’industrie et l’hôtellerie-restauration tanguent actuellement. Et partout, l’apprentissage trinque. C’est d’autant plus dommage que le nombre d’apprentis avait progressé de 16% en 2019 sur le territoire national (+11,6% dans la Vienne avec 2 602 contrats signés). Karine Desroses tient avec son mari une pâtisserie-chocolaterie à Montmorillon. La présidente de la Chambre de métiers et de l’artisanat 86 sait à quel point son secteur a souffert pendant le confinement. « Clairement, les gens avaient d’autres priorités. Plus de mariage, ni de baptême... Même Pâques a été une catastrophe cette année. » De quoi largement fragiliser la trésorerie de nombreuses entreprises. Contrairement à d’autres artisans, elle va tout de même prendre un apprenti. D’abord, « pour montrer l’exemple ». Ensuite parce que l’Etat met en place une série d’aides à partir du 1er juillet.
Primes généreuses
Une prime de 5 000€ sera débloquée pour toute embauche d’un apprenti de moins de 18 ans, le montant grimpera à 8 000€ s’il est majeur. Auparavant, ce montant était plafonné à 4 125€. « Cela représente sept à huit mois gratuits pour l’employeur. Sur deux ans de formation, c’est bien », remarque Karine Desroses. Un enthousiasme partagé par d’autres acteurs du secteur. L’allongement de six mois de la période de recherche d’un contrat fait aussi l’unanimité. En clair, les jeunes pourront acquérir les premiers gestes techniques au CFA avant même d’avoir trouvé un maître d’apprentissage. « Les jeunes ne doivent pas se réfugier à la fac en attendant la reprise, comme par le passé », argue Francis Dumasdelage. Le directeur de l’organisme de formation AFC (300 stagiaires) est plutôt optimiste. La banque et la relation-client, ses secteurs de prédilection, « maintiennent leurs intentions d’embauche en alternance ». Ce ne sont pas les seuls. « Je n’accepterai pas d’entendre un de mes collègues dire qu’il ne peut pas prendre d’apprenti, assure le président du Syndicat de la boucherie de la Vienne, Romuald Gourbault. Avec le confinement, les gens ont redécouvert les bouchers près de chez eux. » Reste maintenant à trouver les jeunes. Faute de communication, le nombre de candidats est en baisse dans tous les CFA. Ils sont 30% de moins au CFA des métiers du bâtiment « malgré les portes ouvertes virtuelles que nous avons organisées », déplore Ghislaine Pinier-David. A signaler que l’industrie a lancé, le 8 juin, son premier parcours « prépa-apprentissage » de huit semaines, pour permettre aux jeunes de moins de 30 ans de découvrir les métiers du secteur. A suivre.
Crédit : Chambre des métiers et de l'artisanat de la Vienne.À lire aussi ...
lundi 23 décembre