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Hôtellerie : vers une saison blanche ?
Catégories : Economie, Tourisme, Covid-19 Date : mardi 12 mai 2020Avec la restauration et le tourisme, l’hôtellerie est l’un des secteurs toujours en salle d’attente après la première étape du déconfinement. La perspective d’une saison blanche n’est, hélas, plus virtuelle.
Il a fermé le restaurant le samedi 14 mars à minuit et l’hôtel Campanile-Futuroscope trois jours plus tard. Près de deux mois plus tard, Pierre Petit n’y voit guère plus clair sur la situation économique de son secteur. « Nous n’ouvrirons pas avant fin mai, peut-être en juin si des stagiaires de l’IH2EF viennent suivre des formations », indique l’intéressé. Ses 29 collaborateurs sont au chômage partiel et « impatients de revenir au travail ».
Hélas, la situation ne devrait guère se décanter avant plusieurs semaines voire plusieurs mois. « Ici, nous sommes tributaires du Futuroscope, martèle Hugues Baalouch, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie. C’est la locomotive, la raison pour laquelle nous avons 1 800 chambres sur le site ! » Le gérant de trois établissements voit mal comment le parc pourrait rouvrir avant mi-juillet. Et même si c’était le cas, la jauge de 5 000 personnes limiterait fortement son activité... donc celle des hôteliers.
« Une saison 2020 morte »
« La règle des déplacements à moins de 100km indique que les gens n’ont pas besoin de dormir à l’hôtel, reprend Hugues Baalouch. D’autres facteurs n’incitent pas à l’optimisme, notamment la peur d’être contaminé par le Covid-19. « Le comportement des gens sera l’une des clés, mais je pense qu’ils auront plutôt tendance à rester chez eux en famille autour du barbecue... » Le président de l’Umih 86 prédit donc « une saison 2020 morte » et un exercice 2021 « à 50-60% au mieux comparé à 2019 ». La question d’une réouverture de certains hôtels -le secteur compte 133 établissements et 5 054 chambres dans la Vienne- se pose même, eu égard aux charges de personnels, d’électricité et d’eau nécessaires pour accueillir la clientèle. « Il y a des situations plus critiques que d’autres », notamment pour les indépendants qui ne peuvent pas s’appuyer sur l’assise financière de groupes solides.
Sur la Technopole du Futuroscope, l’Ibis est le seul à être resté ouvert pendant le confinement. Didier Raquet avait proposé aux autorités 50 chambres pour héberger différents publics. « D’abord les chauffeurs routiers privés de douche sur l’autoroute, complète le dirigeant. Depuis, nous avons accueilli des gens accompagnés par la Croix-Rouge, des techniciens d’entreprises allemandes intervenant au CHU de Poitiers... » Une éventuelle réouverture nécessiterait de facto des aménagements. Notamment au restaurant de l’hôtel où la formule buffet serait proscrite. « On va redevenir un restaurant classique, en attendant que les choses reviennent à la normale », conclut l’hôtelier un peu dépité.
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