Aujourd'hui
Au secours, y’a l’téléfon qui son !
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : mardi 11 février 2020Les associations de consommateurs parlent de fléau. Le démarchage téléphonique est devenu un vrai problème sociétal, au cœur d’un projet de loi débattu tout récemment à l’Assemblée nationale.
En un peu plus d’une semaine, près de 300 000 personnes ont signé en ligne la pétition lancée par plusieurs associations de consommateurs réclamant l’interdiction pure et simple du démarchage téléphonique. Quel qu’il soit. Or, sous cette appellation générique se cachent des pratiques diverses. « Il faut en effet distinguer la prospection à visée commerciale de pratiques abusives comme le « ping call », quand le téléphone sonne et qu’il n’y a personne au bout du fil, ou le « spoofing » qui n’est autre qu’une usurpation d’identité téléphonique, précise Stéphanie Petitjean, responsable de la Direction départementale de la protection des populations. C’est ainsi que l’on a vu apparaître des numéros qui semblent locaux mais ne le sont pas. »
Comme beaucoup, Marie, une Poitevine, y est confrontée quotidiennement. « Quand c’est un 097 ou 03 qui s’affiche, je ne décroche plus. Mais parfois je me fais avoir... Ce qui est étonnant, c’est que maintenant des 06 apparaissent. Dans ces cas-là, je réponds car cela peut être pour le travail... » Et hop, Marie tombe dans le piège ! « J’ai une amie qui m’a donné une astuce : je tape *351* suivi du numéro et de #. J’avais jusqu’à dix appels par jour, j’ai l’impression que j’en ai moins depuis que je « m’amuse » à ça. »
Et Bloctel dans tout ça ? « Ça ne sert à rien ! » Marie est catégorique, Stéphanie Petitjean plus nuancée. « Bloctel ne fonctionne que pour le démarchage commercial à visée économique, avec quelques exceptions : les instituts de sondage, les organismes caritatifs, la vente de journaux et les professionnels qui sont déjà en lien avec le consommateur. Surtout, il faut que les entreprises mettent à jour leurs fichiers. » En 2019, selon le secrétaire d’Etat en charge du numérique Cédric 0, 1 000 entreprises ont été contrôlées en France, 66 ont été sanctionnées pour un total de 2,3M€ d’amendes, soit trois fois plus qu’en 2018.
Signalements en hausse
« A ma permanence, il ne se passe pas un jour sans que plusieurs personnes viennent se plaindre, par un jour sans que moi-même je sois appelé sur le fixe ou le portable », s’indignait il y a quelques jours le député Alain Fouché dans l’hémicycle. Les chiffres sont là. « Nous enregistrons de plus en plus de signalements, constate Stéphanie Petitjean, essentiellement dans les domaines de la rénovation énergétique, des assurances et mutuelles et des crédits. » Des interdictions sectorielles ont donc été inscrites dans le projet de loi, mais aussi des amendes plus dissuasives qui pourraient atteindre 75 000€ pour une personne et 375 000€ pour une entreprise (contre 3 000€ et 15 000€ actuellement) ou encore une responsabilité accrue des entreprises qui sous-traitent le démarchage à des plateformes.
En attendant, « on peut demander à son opérateur téléphonique de nous inscrire sur liste rouge ou liste orange, conseille Stéphanie Petitjean. Et pour ce qui ne rentre pas dans le cadre de la réglementation applicable au démarchage, on peut signaler des abus par SMS au 33700 ou sur www.33700.fr. »
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