
Aujourd'hui
Ô temps, suspends ton vol…
L'édito de la semaine est signée Nicolas Boursier.
L'Allemagne, en 1944. Johannes Beltzer -dit Jojo- est tout excité à l’idée de rejoindre les jeunesses hitlériennes. Plutôt solitaire, le petit garçon rêve en effet d'intégrer la garde personnelle d'Adolf Hitler -dont il a fait son ami imaginaire- et de lui offrir la tête d'un Juif. Mais du haut de ses dix ans, Jojo ne parvient même pas à tordre le cou d’un lapin... Moqué par ses camarades et rendu infirme par un bête accident de grenade (!), il doit alors se contenter de coller des affiches de propagande. Las, il découvre aussi qu'une jeune fille juive se cache dans les murs de sa maison. Une rencontre avec « l'Ennemi » qui va finalement ébranler toutes ses certitudes...
Avec un rythme et une image qui ne sont pas sans rappeler l’œuvre de Wes Anderson (Moonrise Kingdom, en particulier), cette comédie prend un malin plaisir à tourner en ridicule la mécanique d'endoctrinement du IIIe Reich. Quitte à décontenancer dans ses premières minutes (la bonhomie d'Hitler ne fera pas rire tout le monde). Cette écriture se justifie au second tiers du film, lorsque le récit confronte son jeune héros à l'horreur des exactions du régime nazi. Car c'est à travers ces ruptures de ton, particulièrement bien amenées, que le film de Taika Waititi captive et séduit. Rappelant que l'absurde n'est pas tant dans la satire que dans la vanité des hommes ayant conduit à la guerre. Mieux encore, Jojo Rabbit révèle alors une fable sensible sur l'amour et la tolérance, portée par un casting formidable, son jeune interprète principal en tête. Prix du public au dernier festival du film de Toronto et Bafta du meilleur scénario adapté, ce long-métrage pourrait bien créer la surprise aux prochains Oscars (six nominations). Il ne serait pas usurpé de repartir avec une statuette...
Comédie de Taika Waititi, avec Roman Griffin Davis, Thomasin McKenzie, Scarlett Johansson (1h48)
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