Aujourd'hui
Difficile d’assumer ses formes dans une société qui promeut la minceur. Fréquemment considérée sous l’angle sanitaire, l’obésité a une vraie dimension sociale. Le regard peu bienveillant de la société sur cette maladie tient une part importante dans la souffrance qu’elle engendre.
La feuille de route « prise en charge des personnes en situation d’obésité 2019-2022 » présentée en octobre par la ministre de la santé Agnès Buzyn décrit l’obésité comme « une maladie chronique évolutive » ayant « un impact majeur en termes de santé publique ». Mais la question sanitaire occulte souvent une autre réalité qui va bien au-delà de l’IMC. L’Indice de masse corporelle, c’est-à-dire le poids en kilos divisé par le carré de la taille en mètres, veut que chez un adulte, la corpulence normale soit comprise entre 18 et 25kg/m2, le surpoids entre 25 et 30kg/m2. Au-delà... « Tout est compliqué. L’obésité, ce n’est pas que l’IMC », souligne Laurence Besnard, membre de Krisalyd, « une association d’entraide pour les personnes qui souhaitent subir ou non une chirurgie bariatrique, et leurs proches ». Créée depuis dix ans dans la Vienne, elle s’appuie sur un réseau médical d’endocrinologues, psychologues, diététiciens, chirurgiens...
« Gérer l’obésité, c’est possible »
L’obésité touche en France 17% de la population, soit plus de 8 millions d’habitants sur lesquels la société française ne porte pas un regard tendre, loin s’en faut. « On entend souvent que c’est une maladie de feignants, qu’on l’a bien mérité. Or, on n’est pas égaux face à l’obésité, qui a des origines psychologiques, parfois génétiques », témoigne Laurence Besnard qui a subi une chirurgie en 2017 et perdu depuis la moitié de son poids. La jeune femme pesait « plus de 150kg ». Elle-même ne connaît pas le chiffre exact. « Je ne voulais plus savoir. Après, ce qui est difficile quand on maigrit, c’est que le regard des autres change. On était invisible et on devient sublime et passionnante ! »
Aujourd’hui, elle veut témoigner que « gérer l’obésité, c'est dur mais possible ». Voire vital. « Aller au cinéma, monter un escalier, faire l’amour, danser... Tout nous rappelle que l’on est obèse. Cela finit par nous désociabiliser. Krisalyd m’a lancé une bouée. D’un coup, on se retrouve avec des personnes d’origine, de sexe, de religion différents, mais on se comprend. On se donne des tuyaux, on teste des punchlines... »
Un concours libérateur
Pour Soléna Gadioux, 18 ans, l’acceptation de soi est aussi passée par l’entraide... via un concours. La première Miss Formes divines Poitou-Charentes et France a longtemps tenté de faire disparaître ses formes (IMC 35,8kg/m2). « Grâce au concours, j’ai compris, accepté et appris à aimer mes rondeurs. »
Fini les régimes « miraculeux », la garde-robe commandée sur Internet, sombre « parce que quand on est ronde, le noir, ça amincit », rappelle avec ironie Lydia Grémillet, la présidente du comité Miss Formes divines. Elle aussi a longtemps subi ces « normes » souvent plus intransigeantes envers les femmes. « On nous fait culpabiliser », déplore la quadragénaire qui a bien failli passer à côté de sa vocation. « J’ai passé le concours de conseillère en image à 38 ans car une conseillère d’orientation m’avait dit que je ne ferais jamais un métier dans la mode. » Lydia Grémillet a pris sa revanche et la partage. « L’idée du concours n’est pas de promouvoir l’obésité mais de s’accepter comme l’on est. Montrer que l’on peut être féminine, jolie et sexy avec des rondeurs. » « Parce qu’on est grosse on devrait se taire, se contenter des restes, ne pas choisir son petit copain ? Moi j’ai un mari et il est beau ! », assène avec malice Laurence Besnard, bien décidée à « libérer la parole ».
Contact : krisalydpoitoucharentes@gmail.com ou 06 49 78 02 27 ou sur Facebook (groupe privé).
Le premier concours Miss Formes divines France aura lieu le 20 janvier 2021 à La Hune, à Saint-Benoît. Sélection et renseignements sur Internet : miss-formes-divines-france.fr.
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