Aujourd'hui
Marcus Dossavi-Gourdot. 24 ans. Nom de scène : KillASon. Poitevin d’adoption, danseur de hip-hop chevronné, auteur, compositeur, interprète et patron de son propre label. Vient de sortir son premier album studio. Aspire à devenir une star, entouré de sa famille.
Sweat ample, bas de survêt’ et baskets. Au quotidien, Marcus Dossavi-Gourdot ne cultive pas tout à fait la même extravagance que sur scène ou dans ses clips. « KillASon, ce n’est pas un double ou un alter ego, mais une part de moi un peu exagérée », précise d'emblée le rappeur, qui ne cache pas son goût pour la mode et les couleurs saturées. Fraîchement diplômé d'un Master 2 en communication marketing, il sait l'importance d'une identité visuelle. « L’image, c’est plus important qu’avant. Parfois, des journalistes radio vont aimer un disque en ne jugeant que sa couverture… »
Biberonné à la musique anglophone -il cite Michael Jackson, Police, Ouktast, Lil Wayne, ou encore Kendrick Lamar- KillASon est l’un des rares artistes français à rapper dans un anglais vif, « à l’américaine ». Autodidacte, il enregistre seul ses propres morceaux sur ordinateur depuis l'âge de 17 ans. Une production qu’il qualifie de « energy music », un mix d’influences, entre hip-hop et électro. « Je veux que l'on puisse danser dessus, explique l’artiste. Il faut que ça groove ! » Après trois EP parus entre 2016 et 2018 (The Rize, STW1, STW2), Marcus vient de sortir son tout premier album, SupaHeroz. Il s'apprête à le défendre, jeudi soir, au club du Confort moderne. Une date incontournable. « C'est trop cool de revoir des têtes familiales et familières. »
Attaché à ses racines
S'il habite à Paris depuis plusieurs années, Marcus n'a jamais vraiment quitté la ville de son enfance. Et pour cause. « Musicalement, tout se passe à Poitiers. » C'est dans le studio de son beau-père, Yvan Talbot, que les 14 titres de la galette ont été mixés et arrangés. Seul le mastering, la dernière étape de la fixation sonore d'une musique, a été externalisé à Paris. Ce premier album a été pensé comme un récit de fiction, proche des comics et des mangas dont Marcus raffole. Un récit qui n’en est pas moins personnel. « Il parle des super-héros de ma vie, de mes icônes, de mes idoles. » Il y chante son admiration pour ses proches, des figures qui l’inspirent et auxquelles le jeune homme se raccroche dans les moments de doute. « Je me pose toujours beaucoup de questions », confie KillA’.
La chanson Fun célèbre notamment les femmes noires de son existence. Sa grand-mère, arrachée de son Bénin natal pour se marier, et sa mère, la chorégraphe Julie Dossavi, qui a quitté sa Bretagne pour tenter sa chance dans la capitale. « Marcus est très attaché à sa famille et à ses amis », souligne cette dernière. C’est aussi pourquoi le jeune homme s’est entouré de sa maman pour être son manager, et de son beau-père à la production musicale, au sein de son propre label musical, Supanova. Un choix qui lui offrait davantage de garanties que dans une major. « On peut se dire les choses, il n'y a pas de non-dit. On est à l’écoute de chacun, cela facilite les échanges », explique Marcus.
« J’ai besoin de me dépenser pour me vider la tête »
Avant la musique, Marcus s’est d’abord fait un nom dans le milieu de la danse. « Mes parents m’ont emmené voir des spectacles de hip-hop, très jeune. Cet art m'a touché, je suis tout de suite tombé amoureux de cette discipline », se souvient Marcus. Avec son groupe Undercover, il est allé représenter la France aux championnats du monde de hip-hop, en 2009, à Las Vegas. Puis quelques années plus tard, il intègre le collectif français Wanted Posse. Une pointure. Depuis, son projet musical et les études ont pris de la place. « Ces derniers mois, j'avais un peu négligé la danse, regrette Marcus. Là, je reprends à fond, m'entraîne deux fois par semaine. Cela m’apporte un certain équilibre, j'ai besoin de me dépenser pour me vider la tête. Ce lien entre le corps et l'esprit est important. » La maman confirme : « Quand il ne bouge pas, il bout, n’est pas très agréable. »
En transition
Tout juste sorti des bancs de la fac, KillASon est désormais « libre comme l'air ». Bon élève, il ne se voyait pas rentrer dans le rang, travailler dans une boîte... « Si j'y allais, je n'allais plus avoir de vie. J'aurais pu mais... En vrai, je ne suis pas fait pour ça. Ce n'est pas ce que je veux faire. » Aujourd'hui, Marcus veut se concentrer sur sa musique, tout en continuant à animer des stages de danse aux quatre coins de la France. Il ne vit pas encore tout à fait de son art. Il n'est pas pressé. « Pour l’instant, c’est du petit argent. Je ne cherche pas nécessairement à être intermittent. Je suis dans une phase de transition, je fais des petits jobs à côté. Je charbonne, quoi. »
Ce qui ne l'empêche pas de rêver plus grand. Julie l’y encourage depuis son plus jeune âge. « Je lui ai toujours dit : « Tu vas changer le monde, être un leader » », sourit la maman, le regard admiratif. « Pour l’instant, je n’y suis pas », s’empresse de relativiser Marcus. Le jeune homme se satisfait du chemin parcouru. A seulement 24 ans, il a déjà assuré plus de 120 concerts, des premières parties de Jain et Shaka Ponk dans des salles prestigieuses (la Cigale, l’Olympia) et sur plusieurs festivals, des Solidays aux Vieilles Charrues. « L’ambition est toujours la même : faire des scènes et du son, à fond. Pour ça, je sais que seuls la patience et le travail payent. » Il s’imagine aussi quitter le nid d’ici quelques années, prendre son envol vers un ailleurs encore un peu flou. « Peut-être partir dans un autre pays, on verra… Je voudrais déjà continuer sur cette lancée. KillASon, c’est dans la durée. » Un talent à suivre.
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