Aujourd'hui
Personne ne veut battre en retraite
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : jeudi 12 décembre 2019Près de 12 000 personnes dans la rue jeudi dernier à Poitiers et Châtellerault, des débrayages, un trafic ferroviaire quasi-nul, une nouvelle manif prévue ce mardi… La réforme des retraites mobilise contre elle, dans la Vienne comme ailleurs.
Privé, public, jeunes, seniors, syndiqués, Gilets jaunes… La mobilisation du 5 décembre restera comme l’une des plus importantes de la dernière décennie dans le département. Environ 2 000 personnes ont battu le pavé à Châtellerault et plus de 10 000 -7 000 selon la police, 15 000 selon la CGT- à Poitiers. L’ampleur du mouvement contre la réforme des retraites (cf. n°469) est incontestable, même si dans les deux cortèges, il a beaucoup été question de pouvoir d’achat, de conditions de travail, de violences policières ou encore de justice sociale et environnementale.
Un point commun cependant : la peur de l’avenir et la précarité d’aujourd’hui. A l’image de Claudine, fraîche retraitée de l'entreprise Aigle, venue rejoindre ses collègues. « J'ai fait plus de quarante ans dans la boîte, dont trente-huit ans de montage ! Avec 1 500€ en fin de carrière, cela va me faire approximativement 1 300€ de retraite. Avec la complémentaire ! », s'exclame-t-elle, particulièrement désolée pour « (ses) petits collègues au Smic » qui "n'ont plus les moyens de faire grève, même deux heures ! » « J'ai peur pour mes filles et mes gendres », indique Jean-Paul, retraité de la fonction publique. A ses côtés, Janick n'est pas plus serein. « Mon fils est handicapé et j'ai moi-même fait un AVC, nous sommes dans la galère », indique ce boucher en retraite, auparavant employé dans une grande surface.
« De plus en plus compliqué »
« J’ai peur de perdre au niveau du calcul des points et de voir ma retraite repoussée à 63 voire 64 ans, confie Christophe, 54 ans, syndiqué FO qui travaille dans le médical. Avec cette réforme, on ne sait pas trop où l’on va, cela devient de plus en plus compliqué. » A un an de sa retraite, Pierre s’inquiète lui de sa pension de réversion, qui pourrait être revue à la baisse. « Comment va faire ma femme lorsqu’elle sera veuve ?, s’alarme l’enseignant de 61 ans. Sans compter que je pourrais perdre entre 250 et 800€ de pension, par mois. »
A l’appel de l’intersyndicale, une nouvelle manifestation est annoncée ce mardi. A Châtellerault, le départ sera donné à 10h depuis la salle omnisports. A Poitiers, le cortège se rassemblera dès 14h à Rebeilleau. Le gouvernement a prévu de dévoiler la réforme dans le détail le lendemain de cette deuxième journée d’action. Avec quels effets sur la colère populaire ?
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