Hier
Le troisième film de Tristan Séguéla sort à point nommé. Sorte de conte de Noël urbain et improbable, Docteur ? appuie sur ce que l’humanité a d’égoïste pour mieux révéler sa bienveillance.
Inutile de se voiler la face : le duo formé par Michel Blanc et Hakim Jemili dans Docteur ? est éminemment improbable. Le vieux briscard de la médecine, désabusé et revêche, qui confie à un jeune livreur naïf et maladroit les rênes de sa garde nocturne, dans un Paris illuminé où tout le monde ne pense qu’à réveillonner, le propos est plutôt grossier. Assez grossier pour en devenir attendrissant. La magie de Noël sans doute...
Pour son troisième long-métrage -comme pour les deux précédents d’ailleurs-, Tristan Séguéla ne fait pas dans la dentelle. Le réalisateur de 16 ans... ou presque (2012) et Rattrapage (2017) ne lésine pas sur les ingrédients de la comédie. Il y incorpore beaucoup de bons sentiments, une bonne dose de lutte des classes, un brin de scatologie et quelques répliques faciles qui mènent tout droit vers un happy end.
D’une cage d’escalier à l’autre, d’interphones en appartements, le Docteur Serge Mamou Mani et le jeune Malek arpentent Paris by night, guidés par la voix de Suzy, l’opératrice du Samu, une Chantal Lauby aussi invisible que réelle. Les tableaux se succèdent à la façon de sketchs à travers lesquels Tristan Séguéla décortique avec une sincérité palpable les rapports humains, les hiérarchies implicites et les apparences sociales. Les parents angoissés, le père inquisiteur parce que lui-même chirurgien, l’accouchement en urgence... Rien n’est épargné au pauvre Malek qui, de surcroît, doit subir l’humeur acariâtre de son « maître d’apprentissage » immobilisé -ou presque- par un lumbago foudroyant. Face à Michel Blanc, le jeune humoriste youtubeur Hakim Jemili joue juste. A n’en pas douter le binôme fonctionne et il apporte au film ce que le scénario lui dénie parfois, un peu de finesse et d’émotion.
Tristan Séguéla, réalisateur
« La plupart de mes grand-parents étaient médecins, je pense notamment à l’un de mes grand-pères, médecin de village, qui avait toujours l’air un peu triste. Je trouve que c’est un sujet super fort, qui donne l’occasion de rire. C’est une comédie de duo. J’ai commencé par chercher le personnage de Serge Mamou Mani, car le film s’ouvre et se referme sur lui. J’ai proposé le scénario d’une main tremblante à Michel Blanc, qui était tout en haut de ma liste. Et il est tombé amoureux du scénario et de ce rôle de médecin bourru, mal léché, qui envoie un jeune type faire le boulot à sa place. Il me restait à trouver Malek. J’ai vu cent cinquante comédiens, mais après avoir vu Hakim sur scène, à Paris, au Paname, j’ai été convaincu que c’était lui. Je voulais aussi que le film reflète le vrai Paris. J’y ai grandi, j’y ai écrit le scénario, je connais pour la plupart tous les lieux de la rive droite, du VIIIe au XIXe arrondissement, qui sont balayés dans le film. Tous les trajets en voiture sont vrais. »
Hakim Jemili, acteur
« J’avais pour objectif de faire du cinéma, de jouer dans des films que j’aurais écrits. Mais être choisi pour un premier rôle aux côtés de Michel Blanc, ça c’est ouf ! J’ai beaucoup bossé en amont et Tristan m’a laissé beaucoup de liberté sur le plateau. En deux mois de tournage avec Michel, j’ai appris énormément, j’ai vu quels détails étaient importants. Pour ne rien vous cacher, j’ai même pris des notes parfois (sourire). Il n’y a pas eu que la rencontre avec Tristan et Michel, mais aussi une osmose avec toute l’équipe. A chaque fois, je savais que j’allais passer un bon moment. »
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lundi 23 décembre