Forte mobilisation à Poitiers et Châtellerault

Comme attendu, la mobilisation contre la réforme des retraites a été très suivie dans la Vienne. Environ 2 000 manifestants à Châtellerault ce matin, au moins 7 000 à Poitiers cet après-midi. Un succès pour les syndicats.

Steve Henot

Le7.info

Si nombre de manifestants se sont retrouvés zone nord, ce matin à 10h, à Châtellerault, nombreux étaient également ceux à s'être massés sur le parcours du cortège, qu'ils ont rejoints au fur et à mesure pour rallier le boulevard Blossac.

Rassemblées autour du kiosque, ce sont environ 2 000 personnes qui ont manifesté contre la réforme de la retraite annoncée par le gouvernement. Mais les revendications allaient bien au-delà, du pouvoir d'achat aux conditions de travail. Parmi les actifs, les secteurs privé que public étaient représentés, illustrant une certaine convergence des luttes.

De nombreux seniors étaient également présents, parmi lesquels Claudine, fraîche retraitée de l'entreprise Aigle, venue rejoindre ses collègues. "J'ai fait plus de quarante ans dans la boîte, dont trente-huit ans de montage ! Avec 1 500€ en fin de carrière, cela va me faire approximativement 1 300€ de retraite. Avec la complémentaire !", s'exclame-t-elle, particulièrement désolée pour "(ses) petits collègues au Smic" qui "n'ont plus les moyens de faire grève, même deux heures !" "Nous sommes toujours obligés de regarder les prix pour nous en sortir", renchérit l'une de ses anciennes collègues, encore active.

Chez tous, l'inquiétude de l'avenir est palpable. "J'ai peur pour mes filles et mes gendres", indique Jean-Paul, retraité de la fonction publique. A ses côtés, Janick n'est pas plus serein. "Mon fils est handicapé et j'ai moi-même fait un AVC, nous sommes dans la galère", indique ce boucher en retraite, auparavant employé dans une grande surface. D'autres sont dans le cortège "par solidarité". Comme Tony, qui travaille "dans l'aéronautique". "Avec la retraite par points, il est question de ne plus prendre en compte les vingt-cinq dernières années mais l'ensemble de la carrière. Or, pour ceux qui ont connu des accidents, pour les femmes qui ont pris un congés maternité, etc... la retraite va être amoindrie, déplore-t-il. Et ce sera autant de pouvoir d'achat en moins."

La foule s'est dispersée en fin de matinée, après s'être tournée vers l'hôtel de ville tout proche.





A Poitiers, au moins 7 000 manifestants

L’après-midi, rendez-vous était donné à Poitiers. Dès 14h30, le rond-point de la porte de Paris était noir de monde. Tous les syndicats étaient évidemment présents, ainsi que de nombreux corps de métier : les enseignants, les avocats, les cheminots, les pompiers…
 

 


Les Gilets jaunes étaient bien visibles, partageant l’avant du cortège avec étudiants et jeunes actifs. De la foule, on a pu entendre de nombreux slogans hostiles à Emmanuel Macron et à son gouvernement. Ainsi que des revendications très hétéroclites, contre les violences policières, pour une meilleure justice sociale et environnementale… A l’arrière, il était surtout question de la réforme des retraites. « J’ai peur de perdre au niveau du calcul des points et de voir ma retraite repoussée à 63 voire 64 ans, confie Christophe, 54 ans, syndiqué FO qui travaille dans le médical. Avec cette réforme, on ne sait pas trop où l’on va, cela devient de plus en plus compliqué. »

A un an de sa retraite, Pierre s’inquiète lui de sa pension de réversion, qui pourrait être revue à la baisse. « Comment va faire ma femme lorsqu’elle sera veuve ?, s’alarme l’enseignant de 61 ans. Sans compter que je pourrais perdre entre 250 et 800 euros de pension, par mois. »

Au total, la police a compté 7 000 manifestants à Poitiers, tandis que la CGT en a annoncé près de 15 000. Aucun heurt significatif n’est à déplorer, à l’exception d’un petit groupe plus véhément d'une cinquantaine de personnes encagoulées, qui a tenté de faire passer le cortège hors du trajet déclaré en préfecture par les syndicats. Après cette forte journée de mobilisation, les syndicats ont prévu de se réunir pour évoquer les éventuelles suites à donner au mouvement.

 

 

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