Sur scène, Yannick Jaulin défend le parlanjhe

Artiste engagé, Yannick Jaulin s’est toujours attaché à promouvoir le parlanjhe, le patois poitevin qui est sa langue maternelle. Le Vendéen de 60 ans lui consacrera un spectacle plein de poésie, les 19 et 20 décembre, à La Quintaine.

Steve Henot

Le7.info

Vous présentez actuellement votre dernier spectacle, « Ma langue maternelle va mourir et j’ai du mal à vous parler d’amour ». Que cache un titre si long ?
« J’ai toujours aimé les titres assez longs ! Il raconte un peu tout le contenu du spectacle, qui fait partie d’un diptyque (avec « Causer d’amour », ndlr). C’est un projet global de transmission. Il y a un peu plus d’un an, j’ai fait un voyage à dos d’âne, en diagonale, de la Vendée aux Deux-Sèvres, sur les traces de ma culture fantasmée, pour observer ce qu’il en reste aujourd’hui. Cela a été le déclencheur. J’ai vu que la transmission s’est arrêtée dans les territoires : les savoir-faire, le comportement avec la nature, les animaux… Et les mots, les langues locales. »

Vous semblez terriblement fataliste…
« Ce n’est pas un constat pessimiste, mais lucide. Mais ce qui me rend optimiste, c’est de voir que ces langues existent par le plaisir qu’elles procurent. Je le vois chez les gens : cela réveille quelque chose de leur singularité, de leur origine. La transmission est fondamentale, alors que la société nous invite toujours plus à nous déraciner de nous-mêmes. Il y a eu un formatage des esprits par rapport à ces langues-là, qui sont aujourd’hui considérées comme une sous-culture. Il en a fallu des perturbateurs de la pensée pour en arriver là… »

Vous êtes donc davantage dans la pédagogie que dans le divertissement.
« Le spectacle commence comme une conférence sur la langue, son émotion. Sur scène, je suis en duo avec un musicien magnifique, Alain Larribet, qui utilise plein d’instruments. J’y parle aussi de choses extérieures à moi. C’est un travail d’épicier, ce que j’ai toujours fait. Je me plais à fouiller dans la culture des gens. Plus je creusais, plus j’y trouvais de contes universels. Cela touche tout le monde, provoque de la parole. J’ai toujours cherché à transcender le patois, pour l’amener à un niveau de réflexion supérieur. »

Vous semblez aussi y parler de vous, de votre propre histoire. Et avec beaucoup de sourires, malgré tout.
« Je n’ai pas le goût du malheur. L’humour est un moyen extraordinaire de complicité avec le public. Les gens s’ouvrent alors et on peut leur faire passer des messages. J’y avais surtout recours au début, parce que j’avais besoin de m’assurer que les gens m’aimaient. »

Vous parlez le parlanjhe, mais avez-vous des attaches à Poitiers ou sa région ?
« Aucune. Quand j’étais ado, je me souviens être beaucoup allé à Gençay. Poitiers, c’est surtout la ville de mes débuts, où j’ai fait mes premières armes. On m’avait donné carte blanche. J’ai un public incroyablement fidèle. Je suis toujours ému de revenir ici, ce ne sont jamais des dates anodines pour moi. »


« Ma langue maternelle va mourir et j’ai du mal à vous parler d’amour », les 19 et 20 décembre, à 20h45, à La Quintaine de Chasseneuil-du-Poitou. Renseignements et réservations au 05 49 11 37 05.

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