Environ deux cents personnes ont manifesté, ce mercredi midi, sur la place d'Armes, pour protester contre la suspension de Jean-François Chazerans, prononcée par le rectorat. Lycéens, enseignants et parents d'élèves du lycée Victor Hugo apportent leur soutien au professeur de philosophie.
Sourire timide aux lèvres, Jean-François Chazerans a assisté, vers 13h, à un rassemblement en son "honneur", sur la place Leclerc, à Poitiers. Au milieu des quelque deux cents personnes présentes sur la place d'Armes, le professeur de philosophie de Victor-Hugo a cependant refusé de s'exprimer. "J'attends de savoir à quelle sauce je vais être cuisiné", explique l'intéressé, visé par une enquête pour apologie du terrorisme, après un débat sur les attentats du début d'année, organisé au sein de sa classe. Selon ses détracteurs, il aurait tenu des "propos déplacés".
À ses côtés, certains élèves de terminale n'hésitent pas à répondre aux questions des médias... et à rétablir la vérité. "C'est à la demande des élèves que M. Chazerans a accepté d'organiser un débat en classe, souligne Merwane. À aucun moment, il n'a pris position en faveur du terrorisme, bien au contraire. Il a condamné fermement les actes et laissé les élèves débattre entre eux." Visiblement, une poignée d'entre eux n'a pas interprété les paroles de l'enseignant de la même manière.
A la suite de plaintes de parents, le Parquet a ouvert, lundi, une enquête pour apologie d'actes de terrorisme. En fin de semaine dernière, le rectorat avait, quant à lui, prononcé une mise à pied d'une durée de quatre mois, à l'encontre de Jean-François Chazerans. "Une décision incompréhensible", selon Valérie Soumaille, de l'intersyndicale du lycée Victor Hugo, qui dénonce à nouveau "la rapidité et la sévérité" de la sanction. Au lycée Victor-Hugo, où "tout le monde adopte la même position sur cette affaire", un préavis de grève devrait être déposé demain, pour une prise d'effet en milieu de semaine prochaine. En attendant, Jean-François Chazerans, qui se dit "sans nouvelles du rectorat et de la police", n'occupe plus ses fonctions, mais a pu "trouver le réconfort et le soutien, dont (il) avait besoin, grâce à toutes les personnes présentes ce midi".