Aujourd'hui
Un sportif de haut niveau peut-il librement pratiquer les activités de son choix ? A quels devoirs un contrat professionnel le contraint-il ? Petite immersion dans les coulisses du PB 86 et du Stade poitevin volley-beach…
C’est le genre de « petit dérapage » dont on ne se vante pas « dans le feu de l’action », mais que l’on peut facilement confesser au soir de sa carrière.
Le nom de Vincent Duhagon émarge sur la longue liste des volleyeurs professionnels à avoir « joué », un jour ou l’autre, avec son intégrité physique de sportif de haut niveau. « Et encore, c’était un truc hyper banal, rappelle le capitaine du Stade poitevin volley-beach. Il y a six ans, à Toulouse, l’idée m’est venue, un soir, de préparer une soupe. Je suis tellement doué que j’ai passé un doigt dans le mixeur. Verdict : onze points de suture, un match au repos complet et plusieurs disputés avec une sorte de coque bricolée on ne sait comment. »
Pour le commun des mortels, un petit passage en cuisine n’a rien de rédhibitoire. Lorsqu’on est sportif de haut niveau, ce n’est pas la même chanson. « Les interdits ne sont pas explicitement mentionnés dans les contrats, reconnaît le président du SPVB, Claude Berrard. Le seul qui soit écrit noir sur blanc concerne la prise de médicaments, elle ne peut se faire sans l’autorisation expresse du médecin du club. »
Pour le reste, il est juste demandé aux joueurs de « prendre un maximum de précautions, dans leur vie quotidienne comme dans leurs activités annexes ». « J’espère par exemple que mes gars ne vont pas se hasarder, pendant les fêtes, à ouvrir des huîtres, poursuit Claude Berrard. S’il y en a qui s’entaille la main, je l’assassine. » « Oups, je me vois mal passer trois jours dans le bassin d’Arcachon et ne pas m’en envoyer une ou deux douzaines, sourit Duhagon. Promis, président, je ferai gaffe. »
La sensibilisation avant tout
Dans les coulisses du Poitiers Basket 86, le mot d‘ordre est identique. « Le respect de l’hygiène de vie fait partie des obligations du sportif de haut niveau, prévient Adrien Tallec. Mais ce respect-là n’est motivé que par des discours de sensibilisation. Chez nous, il existe juste une mention sur le fait que « le joueur ne doit pas exercer une activité dangereuse et nuire à la convention passée avec le club ». »
Contrairement à certains autres sports, comme le foot ou le rugby par exemple, le basket, à Poitiers au moins, ne ferme donc la porte à aucune activité physique annexe. « Interdire à un individu de faire du ski ou de la moto, c’est quelque part le priver de liberté, poursuit le directeur administratif et financier du PB86. En cas de blessure, la première des sanctions est pour le joueur. »
Remonte alors le souvenir de l’accident du pilier international Sylvain Marconnet, victime d’une fracture du tibia et de la malléole sur des pentes enneigées, aux premiers jours de 2007, et finalement privé de la coupe du monde de rugby à l’automne. « Il paraît qu’il s’amusait sur une piste verte avec ses enfants. C’est juste la faute à pas de chance », regrette Vincent Duhagon.
Un doigt qui glisse dans le mixeur, un coup de marteau qui dévisse, un ski qui part en vrille… Les occasions sont nombreuses, et parfois anodines, de « mettre son intégrité physique en danger ». « On ne peut rester tout le temps allongé par crainte de se faire mal, extrapole Vincent Duhagon. S’il nous arrive quoi que ce soit, nous avons des assurances personnelles qui nous couvrent. » Mieux vaut quand même trouver le juste équilibre, pour éviter de les faire fonctionner.
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