Les dernières heures du gaspillage

Depuis l’adoption de la loi de lutte contre le gaspillage alimentaire, en février 2016, grande distribution, associations et start-ups conjuguent logique économique, préoccupation sociale et transition énergétique. Le combat anti-gaspi porte ses fruits et fait l’affaire de tous.

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

En France, rares sont les lois qui mettent tout le monde d’accord. L’an passé, en adoptant celle sur le gaspillage alimentaire, le gouvernement a réussi le pari audacieux de réunir, autour d’une même table, grande distribution, associations de consommateurs et caritatives. Pour « dire stop au gâchis alimentaire », comme le suggérait alors une pétition du site Change.org, les parties se sont accordées sur la mise en place d’avancées simples et concrètes, à coût nul pour l’Etat et le contribuable. Dans les faits, les distributeurs (plus de 400m2 de surface commerciale) sont désormais tenus de donner leurs invendus à des associations ou de les renvoyer à un transformateur. Les contrevenants s’exposent à une amende de 3 750€. Idem pour ceux qui les détruiraient de manière volontaire.

Vingt mois ont passé depuis la promulgation de la loi. Les acteurs de l’alimentaire dressent un bilan très positif. « Cette loi a imposé à toutes les grandes surfaces ce que certaines faisaient déjà depuis des années, note Gwenaëlle Hollmann-Nico, directrice de l’hypermarché Auchan, à Poitiers-Sud. C’est une très bonne chose. Notre magasin, par exemple, donne chaque année deux tonnes de denrées à la Banque alimentaire de la Vienne. Ces produits sont tout à fait consommables. La date de retrait des rayons est franchie, pas celle de péremption. » Du côté de la Banque alimentaire, justement, on souligne que « la « ramasse » a augmenté depuis l’an dernier ». « Les grandes surfaces nous donnent davantage depuis l’adoption de la loi. »

« Je ne jette plus »

La dynamique anti-gaspi, soutenue par les grandes surfaces, a par ailleurs engendré de nouvelles initiatives, à l’instar de celle de la plateforme Too Good To Go (TGTC), qui propose aux boulangers et restaurateurs de céder à petit prix leurs invendus du jour. A Poitiers, douze enseignes proposent ainsi aux internautes de passer récupérer leurs produits le soir venu. « Il y a une vraie démarche derrière ce service », souligne Sandra Leclerc. La gérante de Juste Gourmand, à Chasseneuil-du-Poitou, utilise TGTG depuis six mois. « Je ne jette plus mes invendus et je me fais connaître auprès de nouveaux clients. Financièrement, l’intérêt est nul pour moi, mais j’ai la satisfaction de me dire que cela profite à certaines personnes peu aisées. »

Chaque année, un Français jette en moyenne 20kg de nourriture. Pour une famille de quatre personnes, cela représente environ 400€ de dépenses inutiles. Derrière les actions simples instaurées par la loi anti-gaspi, d’autres initiatives fleurissent. Plus de cinq mille nouvelles associations caritatives en lien avec l’alimentaire ont vu le jour depuis février 2016. Et dix millions de repas supplémentaires ont été distribués en un an aux plus démunis. Sans parler des tonnes de déchets « économisées »... De bon augure, non ?

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