Deux cent cinquante foyers de Sèvres- Anxaumont ne disposent pas du haut débit. Une injustice pour certains habitants alors que pour des familles du centre-bourg bénéficient d’une connexion ADSL. Une pétition vient d’être lancée.
Si on doit reconnaître une qualité à Danielle Melin, c’est bien sa patience. Cette habitante de Sèvres-Anxaumont dispose d’une connexion Internet digne des années 90… C’est bien simple, elle a renoncé à envoyer des photos par mail. « C’est trop long ! », soupire-t-elle.
La sexagénaire ne bénéficie pas de l’ADSL. Alors, elle se contente du satellite. Une solution peu satisfaisante. « Déjà, c’est très peu fiable. En cas de mauvaise météo, je n’ai plus rien. C’est aussi très cher !, s’agace l’utilisatrice. Je paie 45,80€ par mois pour téléphone et Internet. » Cette situation a déclenché l’ire de la retraitée. Ni une, ni deux, elle a lancé une pétition visant à réclamer l’ADSL pour les mille neuf cents habitants de sa petite commune. Depuis le mois de septembre, cette dernière a recueilli cent quatorze signatures. « Inadmissible », « Je regrette de m’être installé à Sèvres », « Et ceux qui travaillent à domicile ? » « Incroyable en 2014 » ! Voilà, pêle-mêle, les commentaires des pétitionnaires.
La patience de Danielle Melin et de ses voisins risque, encore une fois, d’être mise à mal. L’opérateur Orange n’a guère l’intention de réaliser des travaux dans l’immédiat… En février dernier, l’installation d’un « noeud de raccordement » au « central » a permis à deux cent cinquante-huit foyers du centre-bourg d’obtenir le haut débit. Mais les personnes un peu plus éloignées, elles, n’ont pas cette chance. « Le débit est correct jusqu’à 7 kilomètres autour du central, explique Jean-Pierre Lartige, délégué régional Orange en Poitou-Charentes. A court terme, il faut se contenter de solutions alternatives, comme le Wimax ou le satellite. Le réseau va évoluer, mais donner un délai, c’est impossible. Il faut que nous lissions nos investissements. » Jean-Pierre Lartige rappelle également qu’Orange (ancien France Telecom, ndlr) a l’obligation d’« apporter » le téléphone à toute personne. « En revanche, donner l’accès haut débit à Internet n’est pas un devoir. C’est du domaine concurrentiel… »
« Pas de solution »
Du côté de la municipalité, c’est la confusion qui règne… « J’ai bien reçu un courrier de Madame Melin, mais il n’y a pas de solution toute faite, déclare Nicole Merle. On a bien fait des demandes à Orange pour améliorer la couverture internet de toute la commune. C’est resté en l’état… » Le maire n’envisage pas, non plus, de financer des travaux de « montée en débit », c’està- dire remplacer les câbles de cuivre par de la fibre… « Dans la conjoncture actuelle, c’est très compliqué, on ne sait pas quelles seront nos dotations », explique-t-elle.
Ce n’est donc pas demain la veille que Mme Melin enverra des photos par mail. « Il y a exactement deux cent cinquante familles qui n’ont pas le haut débit à Sèvres-Anxaumont actuellement, rappelle Xavier Moinier, conseiller municipal d’opposition. Ce n’est pas anodin. Aujourd’hui, la seule réponse qu’on leur donne c’est : « Vous avez du bas débit ? Tant pis pour vous ! »